Le Crucifie sur la colonne centrale a disparu, c´était le premier élément choquant qui poussait à
une recherche plus approfondie chez Weyden.
La Vierge en habit noir, et non plus bleu, regarde le roi et non l´Enfant
qui s´est déplacée, n´étant plus aligné avec ses charkras.
Chez Weyden, le bœuf marquait par son regard celui du Verbe, sa main de la
femme son plexus solaire et le corps de son Enfant le ventre.
Elle tendait au roi agenouillé son
nouveau-né, qui en souriant regardait les yeux de l´enfant. C´est bien là
l´expression que nous avons tous quand nous regardons un bébé.
L´Etoile des Rois, dite du BERGER est placée sur la tête de la Vierge. Elle marque l´apogée de la
vie de celle-ci.
Chez Weyden elle se trouve plus à l´Ouest, marquant d´une part le long voyage
des rois venus de l´Orient,
d´autre part elle souligne « la Rose Ligne » tenue par un homme placé sur un arc. Il va
être midi …le Midi comme lieu ? son midi ? ou celui d´une religion
naissante,
dont le point de départ principal est la Mort du Christ, l´Astre planétaire
qui meurt pour renaître, sauvant ainsi l´Humanité.
Weyden par cette étoile marque le
pilier ou l´arc de Joseph, sujet essentiel pour la sauvegarde de la mère et
donc de son rejeton. Sans Joseph on aurait lapidé Marie.
Le Roi Noir ou un peu d´histoire : Nous reconnaissons chez Weyden les mages à leur âge selon la
tradition qui veut que Melchior soit le plus âgé,
c´est notre Mage agenouillé, puis vient Gaspar et enfin Balthazar. Aucun
d´eux ne semble représenter un continent.
Ce n´est pas le cas de Memling qui lui incorpore un Balthazar de couleur. Par
contre aucun trait asiatique, n´est donné à Gaspard.
Ce ne sera qu´au XVIº s. qu´on attribuera une couleur de peau distincte à
chaque roi.
Saint Matthieu n´emploie que le mot Mage pour designer ces
visiteurs sans préciser le nombre. Ils prirent le titre de roi dès le IIIème siècle par la piété populaire,
mais c'est seulement au
XIIème que cette royauté des mages fut reconnue par la liturgie et
l'iconographie.
L'historien Flavius Josèphe (vivant en Judée entre 37et 100 après J.C) dans sa Guerre des Juifs rapporte un récit très semblable à celui de l'évangile de
Matthieu :
" Des
SAGES venus de Perse visitent Hérode. "Nous venons de Perse, nos
ancêtres ont recueilli des Chaldéens l'astronomie qui est notre science et
notre art..."
L'étoile leur est apparue et signifie la naissance
d'un roi qui dominera sur l'Univers. L'étoile les conduit à Jérusalem mais
disparaît. Hérode leur recommande de lui indiquer qui est la personne
désignée par l'étoile, mais les Perses ne reviennent pas et Hérode fait
massacrer 63 000 enfants de moins de trois ans."
Le mot « mage » vient de
l’iranien « maga » qui désignait une caste sacerdotale.
Ils étaient donc de fins astronomes, ce qui explique, en partie, leur intérêt
pour l’étoile de Bethléem.
Une possibilité les fait effectivement venir de Perse ou de Babylonie,
régions où le métier de mage était répandu.
On a pu remarquer que la Perse était le berceau d'une autre religion
monothéiste, ayant des points communs avec le christianisme, professée par
Zoroastre 400 ans plus tôt. Elle prédisait également la venue d'un messie ;
ainsi, la démarche des mages d'Orient est cohérente dans la pensée
zoroastrienne.
Ils seront trois à cause du nombre de cadeaux : l'or, signe
de royauté ; la myrrhe de
passion et l'encens de divinité. Trois symboles repris sur la triade papale.
3 comme le nombre de continents connus à cette époque ; comme les 3 fils
de Noé, comme les 3 âges des Mages, de la vie,
bien que pour certains ces âges soient au nombre de 4.
On a donnée une signification chrétienne aux 12 jours après
Noël, en disant que les rois mages sont arrivés 12 jours après la naissance
de Jésus.
Le concile de Tours en 813 proclama que les 12
jours de Noël jusqu'à l'Épiphanie étaient une période festive et sacrée.
MAURICE LEBLANC écrivit en 1910 le roman intitulé : 813 ou « La Double Vie d’Arsène Lupin » et « Les Trois Crimes d’Arsène Lupin
» publié en 1917 ;
puis en 1920 « La Vie extravagante de Balthazar » Une
allusion au troisième roi mage ?
Lui qui est sensé s´être arrêté à Baux-de-Provence et avoir fondé la dynastie
de la maison de BAUX.( à 243 km de Carcassonne ) qui a pour devise "Au
hasard, Balthazar",
en provençal "à l'asard Bautezar et qui donna naissance aux armes
parlantes de la maison « de gueules à une comète à 16 raies d'argent ».
813 : « L’énigme « 813 » signifie à la
fois 12 et 8-1-3, quels que soient l’ordre de ces chiffres.
Elle s’applique à une horloge dont il faut positionner les aiguilles sur MIDI
tout en maintenant enfoncées les trois pointes mobiles indiquant les heures
1-3-8. …
( chiffres bien
parlants : 1 = Dieu, 3 = Trinité
et 8 Reflet du divin sur le terrien )
Le nombre 813 a une propriété gématrique remarquable : HUIT CENT TREIZE
= 58 + 42 + 83 = 183
c'est-à-dire une permutation de 813 ou 138 équivalente à 813 dans le
contexte.
Le nombre 12
gouverne tout le récit, qui se déroule en 12 (1912), dont le point culminant
se situe dans la 12e des 12 chambres du château de Veldenz,
là où se trouve l’horloge dont le secret réside à la 12e heure.
12, c’est le rang de la lettre L,
initiale de Lupin comme de Leblanc, or Lupin se trouve confronté dans cette
affaire à un « HOMME NOIR » ,
qui signe des initiales LM, inversion du ML de Maurice Leblanc.
Or l’homme noir
se révèle enfin être une FEMME BLANCHE, celle que Lupin aime, Dolores,
« douleur », qu’une autre inversion transforme en Laetitia,
« joie ».
( Ce sont les deux visages de la Vierge.)
Laetitia/Dolores
apparaît pour la première fois dans le récit le mercredi 17 avril 1912 à
midi, à l’entrée du Palace-Hôtel.
La raison de cette date anticipée pour
cette œuvre écrite en 1910 pourrait être astronomique : ce jour précis à
midi, il y eut une ECLIPSE annulaire presque totale à Paris, une autre
conjonction de contraires, Lune et soleil, rare puisque la suivante n’a eu
lieu que le 11 août 1999.
Si cette éclipse n’est pas mentionnée, on peut y imaginer diverses allusions.
Laetitia/Dolores
perce le secret de la cache de la 12e chambre, 12 heures avant
Lupin, le 24 août 12 à minuit.
Le 24 août est le 237e jour d’une année bissextile. On a encore
2+3+7 = 12,….
Si « 813 » est ici équivalent à ses permutations.
C’est aussi dans ce roman qu´ apparaissent les pseudonymes anagrammatiques de
Lupin, PAUL SERNINE et LUIS PERENNA, des noms qui ont évidemment la même
gématrie 134 qu´ ARSENE LUPIN. Ce n’est cependant évident que pour qui sait
qu’il s’agit d’anagrammes,
et la gématrie pouvait être un outil pour le découvrir. » Voir LEBLANC et
la Gématrie
Un M est dessiné par le Chapeau de
Melchior chez Weyden, d´ailleurs le haut du
couvre-chef désigne le Mage ou Marie « Madeleine ». Ce qui n´est
pas le cas chez Memling.
Le Lévrier ( lever le lièvre, c´est à dire être le
premier à soulever une question embarrassante ou un fait dissimulé.) qui accompagne Balthazar a disparu.
L´abreuvoir : Chez maître Weyden
ressemblait à un tombeau. Il était
aligné Nord-Sud suivant le magnétisme terrestre qui conserve un cadavre.
Deux plaques en cuire couvraient le
corps, comme on peut encore aujourd´hui apprécier sur les anciens cercueils
en pierre.
Chez Memling c´est un vrai abreuvoir ou mangeoire, aligné Est-Ouest, ligne
solaire, ligne de vie portant à la mort.
Un arc de plus une étoile de moins. Le monument gothique avec une étoile à 5 branches inversée n´est plus, il est
remplacé par un arc.
Par contre il y a à
gauche de la composition un arc de moins, avec une méridienne rouge …plus d´horloge, plus
de Midi !
Les précipices sont insignifiants et l´escalier sous les pieds de
Joseph qui ici ne mène nulle part a
perdue son araignée.
On se demande pourquoi Memling l´a gardé en la
remplaçant par une boisée, qui va au-delà du sol…
Memling n´a pas lu Jacques de la Voragine qui dans sa Légende Dorée affirme
que durant la Nativité :
Christ est venu « pour la confusion des démons ».
( Lire Le Diable dans la Crèche )
Une autre copie
d´Hans Memling : 1470 Les Rois
Mages du Prado à Madrid
Il y a peu de chose à signaler à par la place prédominante des Rois.
Joseph est à gauche de la Vierge ( notre droite) il fait parti de son passé.
L´Etoile n´est plus visible et Melchior nous regarde. Dans les
trois tableaux de Memling ( voir plus bas ) sur ce même thème, tous inspirés,
de celui de Van der Weyden,
nous pouvons remarquer une autre différence : Melchior à
genoux ne touche pas l´Enfant mais la
lange. Ce fait est explicable :
D’après l’Évangile arabe de l’Enfance (6, 1), les mages, de retour chez eux,
jettent dans un feu sacré un lange de l’Enfant-Jésus offert par Marie.
Le feu qui, selon leurs coutumes, purifie tout ce qui est impur, laisse le
lange intact. Ce récit signifie le triomphe du christianisme sur le culte
zoroastrien.
Sur le triptyque l´Annonciation cède sa place à la Nativité.
A notre droite, sur la
Présentation de l´Enfant au Temple, l´énigmatique femme en vert, porteuse
d´un couple de colombes,
elle qui tournait son regard vers nous, a disparue.
Une autre Nativité de Memling de
1479 est conservée au musée Memling de l’hôpital Saint-Jean, à Bruges.
L´homme de gauche, celui qui chez Weyden tenait un chapelet
rouge sur un arc revient ici en attitude de prière.
Il s´agit peut-être du commanditaire, mais l´œuvre fut conçue, comme
le Diptyque du Jugement Dernier de Rougier pour inspirer les malades de l´hôpital.
Il faut noter que personne ne regarde l´Enfant. Est-ce pour
cette raison qu´Il se tourne vers nous ?
Chez Hans, saint Joseph ressemble toujours à Melchior. Joseph chez
Weyden serait l´ autoportrait de l´artiste.
G. Vasari mentionne Hans Memling comme élève de Rougier van der
Weyden. Memling a emprunté à Van der Weyden nombre de figures et de
compositions,
mais il reste
l´exception qui confirme la règle : Tout élève peut hériter des
techniques du maître, mais pas forcement de son savoir occulte.
Ses compositions
servent à souligner les « bizarreries » des œuvres de Van der
Weyden.
Bien sûr le fait
de remplacer l´Annonciation par un Nativité, peut être un fait aussi parlant.
Hans nierait-il la conception divine de Marie ?
Une
autre Nativité avec crucifix : Lotto
J´ai retrouvé une autre Nativité avec crucifix , il s´agit de celle de
Lotto
En HD
Lorenzo Lotto 1480-1556 fut un peintre
influencé par Giorgione !
Et oui ! encore une fois Giorgione ( Vitruve,
Teniers, le Symbole Perdu, des Saints Bien
parlants pour RLC , les Piliers de
l´Arcadie , etc. )
L´Allégorie du Vice et de la Vertu de Lotto est assez parlante, toujours vis à vis des
« architectes », mais aussi de la supposées descendance christique
Voyez cet arbre coupé duquel pousse une branche bien verte.
Sur ce tronc un linge transparent avec le visage de
Jésus-Christ, tandis qu´à la souche repose un lion de Judée ou des Autriche
La Vertu est un petit enfant…
L´innocence grimpe du côté de la Vertu portée par cinq paires d´ailes
alors que derrière ce pan glouton, un être noir est dévoré par les eaux
Nous retrouvons ainsi le Haut et Bas, disposés comme dans les Jugements
Derniers
cliques pour
voir le détail
Deux « Vierge à Enfant » de
Lorenzo Lotto : sur le premier tableau accompagnés par saint Gérôme et saint
Nicolas Tolentino ;
sur le second par saint Jean Baptiste
et sainte Catherine.
Notez que l´Enfant est placé, dans les deux cas, sur un cercueil …
Le rappel à la mort de l´Agneau est souvent présent sur les nativités, par
exemple par les cadeaux des rois mages,
la question reste donc dans l´air : Pourquoi Weyden ajouta-il ce crucifix ?
Celui qui gênait tant à Memling et que Lotto reprit ..
Est-ce pour souligner que nous sommes tous prédestinés à mourir depuis notre
naissance,
et dans le cas de Jésus, celui-ci connaissait d´avance les plans
de son Père ?
Bien que cette croix semble marquer bien autre chose sur ce Weyden, son
symbolisme reste intacte.
Suite :
Chapitres
à relier avec …
Weyden, Clef de l´Aiguille Creuse 1
et 2
Ou Weyden et le
Duc ou ce que Révèle la Science…et que l´œil ne voit pas.
Ou De Fil en
Aiguille ( par Loup
)
|