Le
Coin de l´Enigme Raphaël, Vinci
et la Vierge à deux Enfants
Madone del Alba
L´homme n´est qu´« une âme rationnelle
qui participe à l'esprit divin,
mais qui emploie son corps » comme « lien d´union entre Dieu
et le Monde »
Marsile Ficin
( Platonis Alcibiadem Epitome bibl.90 p 33
et Theologia Platonica III, 2, bibl.90 p119)
Depuis la préhistoire l´art ne fut jamais
considéré comme simple valeur esthétique, mais plutôt comme une porte d´accès
aux mondes subtiles.
Les artistes, les intellectuels et les fous, croyait-on, tenaient les clefs
de l´ « au-delà », capables d´unir le monde terrestre avec le céleste.
DEUX
AUTOPORTRAITS DE RAPHAËL, TROIS JESUS, JEAN-LE BAPTISTE ET UN ANGE SUR SON
ECOLE D´ATHENES
Nous avons constaté que la place élue par Raphaël dans son Ecole
d´Athènes n´était pas
fortuite: entre les deux orbes, deux mondes.
On peut aussi dire qu´il se trouve entre « le défenseur de la venue du
Royaume de Justice, la coopération à l'œuvre de Dieu, grand critique des
pratiques de la religion traditionnelle »
et « le déisme éclairé,
préférable au christianisme dogmatique »
Pour bien comprendre voir le chapitre sur son fameux fresque.
Dessin d´Euclide- Bramante : un sceau
de Salomon contenant un rectangle, théorème de Pythagore.
Là Raphaël prend la place d´Apelle peintre d´Alexandre le Grand.
A qui ce dernier offrit sa concubine
préférée, car après avoir apprécié le portrait que l´artiste fit d´elle,
l´empereur estima qu´il ne pouvait qu´en être amoureux.
Raphaël-Apelle est diamétralement opposé à Alexandre sur son Ecole
La Générosité d'Alexandre par Jérôme-Martin
Langlois, musée des Augustins (1819)
Langlois représente la femme comme Venus qui rappelle tant la Fornarina de Raphaël.
Mais ce n´est pas le seul autoportrait de Raphaël sur son Ecole
d´Athènes.
Comme j´ai déjà dit on le retrouve derrière Epicure- Pérugin
Comme il fut son élève au même titre que le fut Lucrèce pour le stoïcien.
Lucrèce critiqua la superstition et même la religion populaire…
Les feuilles de lierre de la couronne d´ Epicure- Pérugin sont symbole christique, comme nous avons
déjà constaté.
Ce Christ apparaît trois fois en trois âges
différents …
Ceci rappelle la philosophie de Rudolf Steiner, rien n´est nouveau sous le
soleil, mais sa définition est simple à comprendre :
L´être humain est une individualité de l´esprit, âme et corps dont la valeur
se développe en trois étapes de 7 ans chacune jusqu´a atteindre la maturité
de l´adulte.
Donc de 0 à 7 ans, de 7 à 14 puis des 14 aux 21.
Plus ou moins les âges des trois Jésus sur cette fresque.
La première partie se base sur l´imitation naturelle comme moyen
d´apprentissage, la seconde use l´imagination et l´art ;
quant à la troisième étape elle se
caractérise par la recherche de la vérité.
Aux côtés de l´homme en Blanc qui
nous regarde, nous avions parlé de Jean Baptiste et d´Uriel, son ange
associé, tenant lui l´ardoise.
( Voir l´étude gematrique des couleurs sur l´autre chapitre )
Jean Baptiste ou Parménide qui lui parlait de vérité et d´opinion, ce qui lui
valut la tête au premier.
Steiner avait l´obsession de comprendre le pourquoi les deux Enfants sur les
Madones de Raphaël, celles que Philippe II aimait tant à collectionner dans
son Escorial.
Aujourd´hui elles sont exposées au Prado de Madrid.
On a retrouvé à la BN de
Madrid des manuscrits de Léonard dont une page n´est autre qu´une liste de
livres lus par l´artiste.
Nous verrons plu tard l´importance de cette liste.
Steiner avança l´existence de deux Enfants Jésus impliqués dans l´incarnation
du Christ:
L´un descendant de Salomon, comme il
est écrit sur l´évangile de Mathieu et l´autre venant de Nathan comme précise
saint Luc.
Le premier fut sage et eut des frères alors que le second dont parle Luc fut
fils unique.
Evangile de Matthieu : 1.25 : « Mais il [Joseph] ne la connut point
jusqu'à ce qu'elle eût enfanté un fils, auquel il donna le nom de
Jésus. »
Steiner pensait que lors du pèlerinage à Jérusalem des deux familles durant
la pâque juive et l´épisode narré par l´évangile de Luc,
quand Jésus se perd et est retrouvé trois jours après au Temple, il en sortit
imbu d´érudition impropre pour un gosse de son âge.
Steiner interprète ceci disant que les âmes des deux enfants s´unifièrent en
une seule, par un procédé spirituel.
Le Jésus salomonique mourut alors déposant toute son intelligence sur le
Jésus nathanique.
On ne retrouvera Jésus dans les écritures que lors de son baptême.
Bien sûr ce n´est pas nouveau, il n´y a qu´à voir le fresque suivant, dont
l´auteur fut un autre maître de Raphaël.
Fresque d´Ambrosio Borgognone à Milan : Dispute avec les Docteurs
Eglise de san Ambrosio ( avec 2 Jésus)
Ceci rappelle la Vierge aux
Rochers de Léonard de Vinci…la
première version car la seconde fut remaniée.
REMONTONS AUX SOURCES : RETOUR A LA VIERGE
AUX ROCHERS DE LEONARD, L´IMMACULEE CONCEPTION ET DEUX APOCRYPHES
Replaçons nous dans le contexte de l´époque nommée Renaissance italienne.
Les livres anciens revoient le jour de la main de Marsile Ficin comme le fit
déjà Plotin en l´an 246.
Plotin est celui qui signales les deux orbes sur l´Ecole d´Athènes, fresque
qui est résume la pensée de ce renouveau.
Si le pape même croyait aux cartes astrales, les prophéties étaient en vogue,
comme de tout âge.
Essayons de trouver un autre source inspiratrice pour cette Madone
aux Rochers à part de l´évangile apocryphe de Judas.
Première version de la vierge aux Rochers de
Léonard de Vinci 199 × 122 cm au Louvre
Alors que celle de Londres mesure 189 cm × 120 cm
La version du Louvre fut portée sur lien de
son support original en bois. Celle de Londres reste un retable.
Palme, Iris et ancolie à Paris tandis qu´à Londres on ne distingue que les
narcisses sous Jean.
L’Iris est la fleur annonçant une bonne nouvelle prochaine quand elle est
bleue, comme ici, puis le palmier de la victoire, ou palme du martyr, côté
Jean
Ancolie : solitude, tristesse, amour, deuil, près de Jésus, sous la
vierge
Aconit, côté Marie et Uriel : dédain méfiance.( de qui ? )
A Londres on a le Narcisse :
égoïsme, amour de soi ! sous Jean ! Léonard n´y est pour rien…à
moins
A moins que l´enfant, sous la protection d´Uriel soit Jean qui bénit comme il
baptisera Jésus, qui lui le prie, alors qu´ Uriel montrerait l´ Agnus Dei
A vrai dire rien ne les distingue ! On part de celui de Londres pour
l´interprété, mais il est postérieur et personnellement je n´y vois pas la
main de Vinci.
Ce tableau est le résultat d'une commande faite à Léonard de Vinci par la
Confrérie de l'Immaculée Conception,
pour leur chapelle à l´église Saint-François-Majeur de Milan (disparue de nos
jours)
Vinci devait s´occuper du retable central tandis que les frères Ambrogio et
Evangeliste de Predis peindraient les latéraux avec des motifs angevins.
Le contrat, signé devant le notaire Antonio di Captini, le 25 avril 1483, est
très précis sur les dimensions :
l’œuvre doit s'adapter au cadre
préalablement sculpté par Giacomo del
Maino « peint à l´huile par le Florentin [Vinci]».
Les prieurs précisèrent également les personnages qui devaient composer la
scène principale : Vierge Marie, Enfant Jésus, petit Jean-Baptiste et
ange Uriel,
en mémoire à une légende - tirée des
Évangiles apocryphes et non canoniques -
selon laquelle l'Enfant Jésus aurait rencontré son « cousin » dans
une caverne pendant son séjour en Égypte.
Nous reviendrons plus loin sur ces faits.
Le contrat imposait également que le triptyque soit livré avant le 8
décembre, fête de l'immaculée conception.
La confrérie défendait, comme son nom l'indique, le dogme nouveau de
l'immaculée conception qui ne sera sanctionné par le pape Alexandre VI Borgia
qu'en 1496.
Cette nouvelle fête de L´Immaculée ne
fait toutefois pas l'unanimité en Occident : de même que dans une
certaine mesure saint Thomas d'Aquin un siècle plus tard,
saint Bernard de Clairvaux, pourtant célèbre pour sa dévotion mariale,
s'oppose en 1146 à cette pratique.
Est-ce pour cette raison que Léonard et
Ambrogio de Predis en 1506, remplacèrent le panneaux central, celui qui
aujourd´hui est à Londres ?
Où pour les différentes tailles des deux tableaux. Celui de Vinci est plus
grand et peut-être ne tenait-il pas dans le cadre del Maino.
Le fait est que les symboles et détails dérangeants furent changés, même le
langage des fleurs.
Le première version est plus précise côté floral ce qui dénote ainsi le maque d´intérêt de Léonard pour la
seconde,
de laquelle il aurait soit disant participé, mais peu à mon humble avis.
Le mystère de l’Incarnation est célébré, à travers le rôle de Marie et celui
du Précurseur, lequel est considéré selon une tradition florentine
comme un compagnon de jeu de Jésus,
déjà conscient du sacrifice à venir.
Est-ce le cas ici ?
Cette préfiguration de la Passion n´est contenue sur cette Madone que par le
fait du précipice au bord duquel se tient l’Enfant
et dans la végétation symbolique qui l’entoure (aconit, palmes, iris, etc.
voir notes sous le tableau ).
D´autre part nous avons symboliquement le FEU, celui d´Uriel,
élément qui depuis le commencement
des temps est perçu comme une porte vers la lumière, la vérité et la vie
éternelle.
Nous avions déjà souligné la présence des 4 Saisons sur ce tableau comme sur
bien d´autres.
Ce feu est traditionnellement associé à l´Immaculée Conception : accoucher se dit en castillan «
alumbrar » littéralement
illuminer.
Les premiers chrétiens avaient recours aux chandelles puisque poursuivis ils
devaient célébrer leur culte dans des lieus obscures ce qui leur valut le
noms de Lucigaces
( cf. Voltaire)
L'artiste prit-il, comme l´on dit, de nombreuses libertés avec son
contrat ? On verra ceci plus tard.
Cette iconographie, résolument nouvelle, connut un succès immense,
attesté par le grand nombre de copies contemporaines du tableau.
Remontons aux sources évangéliques non canoniques puis aux faits
historiques.
Luini, Sainte Famille au
Prado. La croix aurait était une retouche tardive
La vierge louche.
SOURCES EVANGELIQUES NON CANONIQUES
Nous avions étudié cette toile sous le
regard de l´Evangile de Judas et du Livre Sacré du Grand l´Esprit Invisible. ( Lire )
On parle su Pseudo-Mathieu
, ou Livre de la naissance de la
bienheureuse Vierge Marie et de l’enfance du Sauveur ;
soulignons que celui-ci ne site en aucun moment le petit Jean, ni le nom d´
Uriel son protecteur. Il insiste sur la virginité de Marie depuis sa naissance.
Cet évangile s´inspire du Protévangile de Jacques. Là nous lisons :
Chap.XXII
Et Marie, apprenant que l’on
massacrait les enfants, fut remplie de crainte ; elle prit l'enfant, et
l'ayant enveloppé de langes, elle le coucha dans la crèche des bœufs.
Élizabeth, informée que l'on cherchait Jean, s'enfuit dans les montagnes, et
elle regardait autour d'elle pour voir où elle le cacherait, et elle ne
trouvait aucun endroit favorable. Et elle dit à voix haute et en gémissant: «
O montagne de Dieu, reçois la mère avec le fils. » Et aussitôt la montagne
qu'elle ne pouvait gravir, s'ouvrit et les reçut. Une lumière miraculeuse les
éclairait, et l’ange du Seigneur était avec eux et les gardait
Ici nous avons une grotte Elisabeth,
Jean et leur ange gardien qui plus tard sera appelé Uriel
Chap.XXIII
Hérode, pendant ce temps,
faisait chercher Jean. [ Non pas Jésus] Et
il envoya quelques-uns de ses officiers à son père Zacharie disant : «
Où as-tu caché ton Fils? » Et il répondit : « Je suis le prêtre employé au
service de Dieu, et je donne mon assistance dans le temple du Seigneur, je ne
sais pas où est mon fils. » Et les envoyés se retirèrent et rapportèrent cela
à Hérode. Il dit avec colère : « C'est son fils qui doit régner sur
Israël. » Et il envoya derechef vers Zacharie [ le tuant dans le Temple]
Ici, Jean est donc appelé à régner sur
Israël…
UNE HISTOIRE D´ANGES
Ce Jacques ne nomme pas Gabriel et moins encore Uriel…cherchons ce dernier.
Les conciles de Rome en 745 et d´Aix-la-Chapelle en 789 interdirent
l´assignation de noms aux sept archanges à exception de ceux nommés par la
Bible :
Michel,
Gabriel et Raphaël
L´église romaine montra toujours une grande préoccupation envers ce que l´on
appela le culte des Anges, le comparant au culte des dieux païens.
Au XVI siècle, en Italie, resurgie ce culte particulier « aux sept
flammes de l´Apocalypse » qui déborda ses frontières et passa
l´Atlantique.
En 1515, le père Antoinio Lo Duca vit une ancienne icône représentant les
sept archanges accompagnés de leurs noms sur une place derrière la cathédrale
de Palerme,
aujourd´hui encore nommée Plaza Sett'Angeli bien que la peinture n´existe plus. Lo
Duca inspiré par la vision, et la dévotion aux archanges obtient de Léon X de
Médicis
la permission pour construire une
église à Rome dédiée aux sept archanges qu´il baptisa Sainte Marie des Anges
et des Martyrs.
Miguel Ange Bounarroti se chargea du dessin de l´édifice.
Cet artiste apparaît accoudé à une grande pierre dans l´Ecole d´Athènes au
niveau d´Uriel et à côté du soit disant Jean-Baptiste.
Bien la fresque du père Lo Duca se nomme Les Sept Anges de Palerme et elle
fut inspirée par les écrits d´Amadeo du Portugal (1420-1482)
et son Apocalisis Nova, un commentaire de l´Apocalypse de Saint Jean où
l´archange Gabriel lui révèle les noms des quatre autres : Uriel,
Sealtiel, Jehudiel et Barachiel.
Léon X de Médicis par Raphaël.
Esthète, cultivé, Léon X, fils de Laurent le
Magnifique, offre l'image typique d'un prince de la Renaissance. Il manquait
totalement d'intérêt pour les dogmes et n'avait aucune formation théologique.
De tous les papes, il fut avec Jules
II le plus grand des mécènes. Rome lui doit quantité de chefs-d'œuvre.
Il aurait prononcé ses mots : « On sait de temps immémorial combien
cette fable du Christ nous a été profitable.»
Sur ce Raphaël le livre est ouvert sur l´évangile de saint Luc. Saint Luc
patron des peintres.
Luc commence par la naissance miraculeuse de Jean, il fait dire à Zacharie au
verset 1.69 « Et nous a suscité un
puissant Sauveur Dans la maison de David, son serviteur, »…
1.76 et suivants « Et toi, petit enfant, tu seras appelé prophète
du Très Haut; Car tu marcheras devant la face du Seigneur, pour préparer
ses voies,
Afin de donner à son peuple la connaissance du salut Par le
pardon de ses péchés,
Grâce aux entrailles de la miséricorde de notre Dieu, En vertu
de laquelle le soleil levant nous a visités d'en haut,
Pour éclairer ceux qui sont assis dans les ténèbres et dans
l'ombre de la mort, Pour diriger nos
pas dans le chemin de la paix.
Or, l'enfant croissait, et se fortifiait en esprit. Et il
demeura dans les déserts, jusqu'au jour où il se présenta devant Israël»
Par contre il parle de Joseph et Marie en
ces termes, sans l´intervention de Gabriel : 2.5 et suivants
« Joseph aussi monta de la Galilée, de la ville de Nazareth,
pour se rendre en Judée, dans la ville de David, appelée Bethlehem, parce
qu'il était de la maison et de la famille de David,
afin de se faire inscrire avec Marie, sa fiancée, qui était
enceinte. Pendant qu'ils étaient là, le temps où Marie devait accoucher
arriva »
L´ange qui annonce la naissance aux pâtres les fait ainsi : «
c'est qu'aujourd'hui, dans la ville de David, il vous est né un Sauveur,
qui est le Christ, le Seigneur »
5.33
« Ils lui dirent [à Jésus]: Les disciples de
Jean, comme ceux des pharisiens, jeûnent fréquemment et font des prières,
tandis que les tiens mangent et boivent. »
7.20
« Arrivés auprès de Jésus, ils dirent: Jean Baptiste
nous a envoyés vers toi, pour dire: Es-tu celui qui doit venir, ou
devons-nous en attendre un autre? »
7.28 « Je [ Jésus] vous
le dis, parmi ceux qui sont nés de femmes, il n'y en a point de plus grand
que Jean. Cependant, le plus petit dans le royaume de Dieu est plus grand que
lui. »
9.7 et suivants : « Hérode le
tétrarque entendit parler de tout ce qui se passait, et il ne savait que
penser. Car les uns disaient que Jean était ressuscité des morts;
d'autres, qu'Élie était apparu; et d'autres, qu'un des anciens prophètes
était ressuscité. Mais Hérode disait: J'ai fait décapiter Jean; qui donc est
celui-ci, dont j'entends dire de telles choses? »
Symboliquement la décapitation est la perte de la raison aveugle à la vérité
en faveur du cœur.
Et on remarquera que les contemporains de Léonard de Vinci donnaient les
traits du Christ à Jean Baptiste : Luini et Andrea Solario
APOCALISIS NOVA D´AMADEO DU PORTUGAL
Juan Meneses de Silva ou Amadeo de Silva y Meneses plus connu comme
Amadeo du Portugal et surtout le béat Amadeo (1430-1482).
Amadeo, frère de Sainte
Béatrice da Silva fut un franciscain qui mourut sous soupçon d'hérésie bien
qu´il fut le confesseur et conseillé du pape Sixte VI
Raphaël Vierge Sixtine ( un effet optique
fait voir six doigts au pape Sixte VI)
A comparer avec la toile d´Ingres, Le Vœu
de Louis XIII
Il écrivit son livre intitulé Obra Apocalipsys Nova sensum habens
apertum, et ea quae in antiqua Apocalypsi erant intus, hic ponunctur foris
plus connu sous le nom d´Apocalisis Nova
à quelque pas de l´église Saint-François-Majeur de Milan où il fut enterré
dans la chapelle de l´Immaculée Conception !
Ce livre apparaît sur la liste des lectures de Léonard retrouvé sur un de ses
manuscrits gardés à la BN de Madrid.
Le roi Louis XI de France qui l´admirait, contribua aux frais de ses obsèques
funéraires et son tombeau de marbre blanc.
Où commença immédiatement un culte autour de son sépulcre. Il ne fut jamais
reconnu comme Béat par l´église romaine.
Donc il mourut un an avant que la confrérie
fit la commande à Léonard et aux frères Predis .
Son livre apparaît dans la liste manuscrite de Vinci retrouvée à la BN de
Madrid !
Apocalipsis Nova, contient des révélations divines reçues en huit
rapts ou conversations avec l´archange saint Gabriel.
Il promut le culte marial de l´Immaculée Conception et celui des sept
archanges dont Uriel.
Le Béat franciscain annonce un pape Angélique qui avec le plus grand monarque
chrétien sur terre fermeront l´histoire profane avant le second avènement
christique.
Les papes suivants crurent que cette prophétie parlait de leur personne,
quant aux rois…il fait regarder du côté du l´Espagne avec Charles V et
Philippe II
( lire Les Rois de
Sions )
Est-ce par hasard qu´une copie de
l´Apocalipsis Nova est gardé à la bibliothèque
de l´Escorial ?
Page de l´Apocalisis Nova d´Amadeo ( Escorial )
Amadeo du Portugal pensait que Jean était
supérieur à Jésus. Son annonciation fut antérieure, ajoutez à cela que ce fut
lui qui baptisa Jésus et non le contraire.
D´ailleurs Amadeo souhaitait devenir ermite, comme Jean, mais les évènements
le lui empêchèrent.
Donc Vinci fut fiel aux écrits de ce béat
que la confrérie voulait honorer par la commande de ce triptyque.
Raphaël lut-il aussi cet Apocalypse hérétique? Nous ne savons pas, mais regardons du côtés de ses mécènes.
LES MENTORS DE RAPHAEL
Ses mentors furent le supérieur de
l´ordre des augustins, le père Egide de Viterbo et Tommaso Inghirami,
bibliothécaire de Jules II et au service de Léon X
Bramante leur suggéra de prendre Raphaël pour l´Ecole d´Athènes son premier
travail au Vatican. Travail qu´ils supervisèrent.
Tous deux étaient de fiels adeptes de Marsile Ficin et croyaient que le
matériel ouvrait la porte du spirituel.
Qu´une création humaine sublime participait des sphères supérieures, Ordre et
Harmonie..
Comme dira des siècles plus tard Steiner la mission de descendre sur terre
n´a pour but que de faire un lien d´union entre Dieu et le Monde.
Ce que l´on attribue traditionnellement à Jésus est à la portée de tout homme
sitôt on prête attention aux humains spéciaux.
Rappelons ici Plotin, le philosophe qui sur L´Ecole d´Athènes montre de son
doigt les sphères, créateur du courrant néoplatonisme,
qui influença de manière profonde la philosophie occidentale déjà en 246
depuis Rome
Sa relecture des dialogues de Platon fut une source d'inspiration importante
pour la pensée chrétienne, en pleine formation à l'époque, puis pour saint
Augustin.
Et les mentors de Raphaël étaient augustins.
La Transfiguration de Raphaël, son dernier
travail, est assez parlante au sujet des humains speciaux.
Mathieu, avec son livre ne touchant même pas le sol, regarde la femme qui
nous tourne le dos : la Sofia. Elle pointe son doit sur le jeune
strabique, qui lui voit le Haut.
Alors que les trois apôtres sur le mont
Tabor se réveillent. Mais il y
a deux personnages à gauche qui soit témoins de la transfiguration.
Un peu comme les bergers du Guerchin sur son ET IN ARCADIA EGO.
Dernière œuvre de Raphaël, qui l´accompagna à son enterrement au Panthéon d´Agrippa, avant que Jules de
Médicis décida de le garder à Rome
( il avait était commandé pour
Narbonne ) et l´envoya à l´Eglise San Pietro In Montorio.
Eglise où en 1502, Bernardino Lopéz de Carvajal ouvrit l´Apocalisis Nova,
puisque là fut la dernière demeure d´Amadeo.
Tommaso Inghirami par Raphaël qui il souffrait de strabisme
divergent, symbole de communication divine.
Il regarde bien vers le haut s´y inspirant pour ses écrits
LES VIERGES RAPHAELIQUES DU PRADO
Saintes familles de
Raphaël au Prado : la dit Perle
et la Madone au Chêne
La Perle nommée ainsi en 1649 par le roi Philippe
IV d´Espagne.
Les regards : Sainte Elisabeth regarde Jésus, celui-ci sa mère et Jean son
cousin tout en lui offrant des baignés.
Saint Joseph se tient à part dans les ruines suggérant ainsi sa non
appartenance à la famille. Référence aux généalogies de saint Luc qui partent
des mères.
Sous le petit Jean une coquille sur le sol. Allusion au baptême à
venir ? peut-être mais aussi à une naissance immaculée, celle de Luc.
Ce coquillage donna sans doute son nom à l´œuvre.
( lire Coquille,
Perle ou Marguerite )
Les couleurs : Marie, Aimée qui passe sa main sur l´épaule d´Elisabeth
en rouge et bleu => 2 + 6 = 8…la Justice du Tarot
Elisabeth, Dieu est ma promesse, Dieu est mon serment, méditative :
Blanc, Jaune, Vert => 9 + 4 + 5 = 18… la Lune ou 9, l´Hermite
Joseph, Dieu ajoute : en bleu, le 6, l´Amoureux !
Jean, Dieu a fait grâce, en Marron, le UN !
Jésus, Dieu sauve et non Dieu Sauveur n´a pas de couleur, donc 0.
Marie, le 8 : Traditionnellement, il est le chiffre du
Christ.
Le centre ou cœur du 8 est un X de croisement, symbole
christique.
Le 8 est l'alliance entre deux états.
Bientôt, ce sera les "nouveaux cieux, nouvelle terre", le 8 étant
l'alliance de la terre avec son modèle futur, Vénus d'amour.
D´où la coquille.
LE CHIFFRE 8 = 80 = L'AMOUR,
désignant cette alliance qui relie la terre et en général l'humanité avec son
prototype divin. HUIT = 58 = DIVIN.
Elisabeth est le 9, chiffre de la germination du Haut au Bas
Il est curieux que le neuf, qui est à la fin de la série des chiffres, soit
en fait le germe, le début.
Effectivement, la fin est toujours le début d'un autre cycle, à l'exemple des
chiffres dans le système numéral décimal.
Du 9 solitaire naît le 10, c'est à dire le 1 qui a reçu une nouvelle
germination, un état "neuf" ou n' "oeuf" par le 0 qui lui
est associé. Les 2 Enfants !
Mais là aussi : NEUF = 46 = AIMER. Oui, être "neuf", c'est repartir
à zéro pour une nouvelle énumération de valeurs et ces valeurs ne peuvent
qu'être celle du cœur,
symbolisé par la décapitation.
Joseph ou le 6, le germe du Bas qui va vers le Haut à l´opposé d´Elisabeth.
Jésus ou le 0 : le 0 est un cercle, de
forme ovale, qui ressemble à un oeuf.
Le cercle ne commence nul part et ne finit nul part.
Intemporel, il est. Ces attributs en font ainsi une image de la conception
divine.
Le ZERO commence par un Z, c'est une fin de cycle. Il finit par un O, une
nouvelle germination, nouvel oeuf. Un anagramme de ZERO est EROZ (Eros)
et ROZE, expression de l'amour en manifestation. La création est un acte
d'amour !
Jean ou le UN : au niveau le plus haut de
l'interprétation, il est le Dieu sorti du Dieux,
c'est à dire le 1 sorti du 0, l'être qui est né à partir de la matière
primordiale, le Dieu unique qui créa toute chose.
Il est le rejeton du 0. Il est le
Fils. L'unicité de ce Dieu est particulière et ressentie de manière profonde
et fondamentale depuis quelques siècles.
C'est pourquoi le 0 et le 1 s'assimilent
dans une unité :
La partie est dans le tout et le tout
est dans la partie. Le contenant et le contenu sont UN CORPS unitaire et
pluriel à la fois.
Remarquons qu´il n´y a pas de banderole avec l´Agnus Dei, ni la croix de Jean
Baptiste. Celui-ci partage avec son « demi » frère, son cousin pour
l´œil humain.
La numérologie des couleurs est très parlante, pour Raphaël les deux Enfants
sont fils de Dieux portés pas des deux femmes différentes.
Elisabeth qui doit, comme sur les apocryphes vus plus haut, être veuve,
car rarement Zacharie est peint dans les Saintes Familles, est au bout de son
Chemin.
Est-ce pour cela qu´elle disparaît et laisse son petit à la Madone ?
Sainte Famille de Mantegna, avec
Zacharie, exception qui confirme la règle…ou pas ?
Grenades du côté des hommes, symboles de la Mort
Orange derrière les femmes, et entre les Enfants oranges et citrons amères.
La Madone au Chêne : Ici la banderole est présente. Plus
d´Elisabeth, Joseph prend sa place. Il regarde les gosses
Jean, Jésus et lui sa Mère. Les deux
Enfants ont leurs pieds dans le même berceau, symbole du même origine…divin.
Les couleurs changent pour Marie : Bleu, Vert, Blanc, Rouge => 6
+ 5 + 9 + 2 = 22, nombre associé au Mât du Tarot, l´Initié par excellence.
Joseph est en Rouge et Gris=> 2 + 8 = 10, la RouX de la Fortune. Le 9 à
laisser sa place au 10 ! Il est le gardien du Un et du Zero.
Le 2 représente L'HOMME = 54 = DEUX.
Cette dualité nous la retrouvons à travers les 2 âmes sœurs en périple.
Elles sont reliées mais séparées par le temps et l'action. Dans le temps de
leur incarnation, voyez la projection de la courbe "esprit" en une
matière terrestre.
Autre chose : ils sont "2",
et quand ils auront intégré l'Esprit de Dieu, c'est à dire cette barre
verticale " I "où ils seront élevés au rang de DEUX + I = DIEUX.
N´est-il pas écrit ?:
"Jésus leur répondit : "N'est-il pas écrit dans votre loi:
J'ai dit: Vous êtes des dieux ?" Jean 10.34.
Faites réfléchir le 2 sur un miroir et vous avez la réintégration d'un
cœur en équilibre sur son socle. Les symboles sont là et on ne peut les nier.
Le 2 dans sa stylisation correspond à la forme du "CYGNE" ( SIGNE
!).
Le cygne est synonyme de Lumière. Selon certaines traditions anciennes, il
pond ou couve l' Œuf du monde.
Ceci rappelle Léda greco-romaine et rapporte aux ruines avec sculptures du
tableau de Raphaël. A la figure montante qui signale le Haut ou Joseph.
Bien Marie est juste sous le chêne
qui donne son nom à cette table.
Le Chêne, arbre
hermaphrodite sacré dans de nombreuses traditions,
le Chêne est investi de privilèges accordés
à la divinité suprême parce qu'il attire la foudre et symbolise la majesté.
En tout temps et en tout lieu, le
Chêne est synonyme de force et de solidité. C'est du moins l'impression qu'il
laisse quand il atteint sa maturité.
Notons que le bois du chêne a la propriété d'être incorruptible, alors ne
soyons donc pas étonnés d'apprendre que les termes "chêne" et
"force"
se traduisent en latin par le même
mot : robur, symbolisant autant la force morale que physique.
Il est le symbole de l'arbre de vie, le salut ainsi que les figures
allégoriques de la Force et de la Prospérité.
Le chêne est aussi l'arbre consacré à
Jupiter dans la mythologie classique où de grands chênes croissent dans la
forêt de Dodone, en Épire,
qui est consacré à l'oracle de ce
dieu, et est l'un des plus anciens sanctuaires grecs.
Dans la Grèce antique, Dodone était un sanctuaire oraculaire dédié à Zeus et
à la Déesse-Mère, révérée sous le nom de Dioné.
C'était le plus vieil oracle grec, d'après Hérodote, remontant peut-être au
II millénaire av. J.-C., et l’un des plus célèbres avec ceux de Delphes et
d’Ammon.
Les prêtres et les prêtresses du
bosquet sacré interprétaient le bruissement des feuilles de chêne sous le
vent.
Célèbre est le passage de
Pline l'Ancien sur les druides et le chêne.
"On ne doit pas non plus oublier à ce propos l’admiration
qu’ont les Gaulois [pour le gui]. Les druides – c’est ainsi qu’ils appellent
leurs mages – n’ont rien de plus sacré que le gui et l’arbre dans lequel il
croît, à condition que celui-ci soit un rouvre … Mais celui-ci est
extrêmement rare à trouver, et, en a-t-on découvert, on le cueille en grande
pompe religieuse, surtout le sixième jour de la lune qui marque pour eux les
débuts des mois et des années et du siècles au bout de trente ans,
parce qu’elle aurait déjà assez de force, sans être en son milieu. Ils
appellent [le gui] dans leur langue « celui qui guérit tout ».
Après avoir préparé au pied de l’arbre et selon les rites le sacrifice et le
repas religieux, ils amènent deux taureaux de couleur blanche dont les cornes
sont attachées pour la première fois. Un prêtre paré d’un vêtement blanc
monte dans l’arbre, avec une serpe d’or il coupe le gui : celui-ci est
recueilli dans un sayon blanc. Ensuite ils immolent les victimes en priant le
dieu de faire ce présent propice à ceux à qui il l’a donné. »
(Pline, Histoire naturelle, XVI, 250).
2 bœufs sacrifiés…animaux symbolisant le soleil divin
Le gui, « celui qui guérit » sera coupé à la fin d´un cycle
de 30 ans
Ce n´est donc pas un hasard que Raphaël choisit le chêne et Pline, présent à
son Ecole d´Athènes, était bien lu à la Renaissance.
Comme exemple admirons une de ses Madones à deux Enfants. Œuvre de
Jeunesse influencée par Vinci
Donc nous étudierons plus particulièrement la végétation.
RAPHAËL SOUS L´INFLUENCE DE LEONARD, ŒUVRES DE JEUNESSE
Madone de la prairie
Jean couronné regarde Jésus et Marie, Jean.
Couleurs : Jean porte le Bleu, lien entre le Haut et Bas, le 6, la
graine du Bas poussant vers le Haut.
Marie, le Rouge, le Bleu et l´Or => 2 + 6 = 8 Soleil du Haut se reflétant
au Bas et si on ajoute l´or 8 + 4 = 12, le Pendu.
Ce sont les couleurs de l´Annonciation, et font référence à la prostitution sacrée.
Nous avons des Marguerites ou Pâquerettes sous les pieds de Jean :
symbole de pureté spirituelle.
Sous ceux de Jésus du Persil ( ache ) et des Fraises.
L'ache est une plante
aromatique, ombellifère et toujours verte, dont le céleri ou le persil sont
les espèces les plus connues.
Les Grecs en couronnaient les vainqueurs des jeux Isthmiques :
"les vertes tiges de l'ache dorien couronnent le front de ce vainqueur
heureux" (Pindare).
Elle symbolise une jeunesse triomphante et joyeuse.
Si elle jouait un rôle important dans les cérémonies funèbres,
c'était pour indiquer l'état d'éternelle jeunesse, auquel le défunt venait
d'accéder.
Fraises : Aide
affectueuse d'une femme, entente et accord avec l'élément féminin mêlé à la
vie. Amitié en progrès avec quelqu'un.
Puis au niveau de Marie des Coquelicots.
Les épis de blé comme le pavot sont des attributs de Cérès / Déméter, déesse
de l’Agriculture et Terre-Mère nourricière au centre des mystères
initiatiques d’Eleusis.
La capsule de Pavot est une matrice
analogue à la terre, un utérus comparable à celui de la Mère. Les
innombrables semences qu’elle contient sont des signes de fertilité.
Traditionnellement, dans le langage des fleurs, le pavot est synonyme de
repos, de rêves, d’oubli. Allusion à la dormition de la Vierge.
Nous avions déjà rencontré les fraises et les pâquerettes dans un Noli Me Tangere
( en fin de page )
Madone au Chardonneret après restauration
Nous avions déjà rencontré le symbole du chardonneret sur le
chapitre parlant du Guerchin et de
son ET IN ARCADIA EGO
Remarquons que les couleurs de la Vierge ( Rouge, Bleu, Marron et Blanc )
donnent 18, nombre rencontré plus haut à propos d´Elisabeth
Il s´agit d´une Vierge « Leggente » lisant qui ici est
accompagné par le petit Jean.
Lui porte attaché à sa ceinture le « demi-coco » du baptême.
La vierge le protège de sa mains, comme sur la Vierge aux Rochers de Vinci,
alors que Jésus se tient entre ses jambes.
Je vous laisse avec ce Raphaël montrant une énigmatique Madone à trois
Enfants…
Ce qui rappelle les Trois Mâles de
Vinci
Madona Terranova
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