La Cène de Léonard de Vinci par Nicolas Poussin
«La peinture n'est autre qu'une idée des choses
incorporelles »
Nicolas Poussin
La Cène de Léonard de
Vinci par Nicolas Poussin
5
1- La Cène
version Poussin ou les Miroirs Politico-religieux
La scène a
visiblement changée, la maison renaissance a cédé sa place à un décor
baroque, un palais avec de nombreux piliers alignés menant à une ouverture,
une porte sans battant qui laisse entrevoir un paysage montagneux et
aquatique assez obscure.
Si chez Vinci, la porte et les deux fenêtres représentaient la Trinité, ici
elle a été réduite à UN.
Le niveau de la table est monté. Une Jarre et un pichet sont sur le sol
devant elle. Sur la nappe il y a moins d´éléments , mais plus repartis, plus
ordonnés. Trois assiettes manquent et il n´y a que deux verres pour 13
personnes. Deux bougeoirs, dont les cierges seraient déjà consommés et
éteints. Le nombre de pains est plus réduit sur cette table aux plats encore
vides. Les aliments se trouvent devant Jésus, placés en rond autour d´un
centre rouge, présentation religieusement
planétaire ! Tout tourne autour d´un personnage, mais sans
lui….l´Axe, le Point Fixe.
Que deux coupes de vin…
Gardant les gestes et poses des personnages
de Léonard de Vinci, Poussin utilise moins de couleurs. Au bout de la table,
à gauche des vêtements en bleu, à droite le rouge l´emporte.
Mais l´ambiance est différente chez Vinci, malgré la détérioration du
fresque, l´action converge vers le centre, vers Jésus- Christ, tandis qu´ ici
les deux extrêmes opposés se regardent. Il n´y a que deux clans qui boivent à
deux sources, deux coupes de vin différentes, procédant d´une même
jarre ? Jésus semble impuissant devant les trois uniques personnages qui
se tournent vers lui avec des gestes de mécontentement.
Remarquez que tous les personnages portent des sandales, sauf un ! qui
chausse des souliers ! le chauve en tunique blanche et cape rouge, très
papale… mais sans les sandales de Pierre.
Les couleurs des compagnons des personnages placés aux deux extrêmes sont
inversées.
Ainsi à côté de celui qui se tient
debout, tout de bleu vêtu, suit un barbu capé d´ écarlate et tunique marine,
puis un homme d´ocre vêtu et drapé de céleste. Leurs opposés se retrouvent
entourant le personnage chaussé. Des ambassadeurs.
Judas d´un bleu plus délavé, presque gris, tient sa bourse et tend sa main
vers le verre de vin rosé, sa cape est vermeille .
Pierre aussi farouche que chez Léonard est vêtu d´un bleu verdâtre comme le drapé de Jean-Madeleine.
Jésus en tunique rouge drapée de bleu
marque le centre, à sa gauche trois personnages en ocre et beige.
Comme nous avons
déjà constaté, avec l´étude de ses mécènes et l´ambiance socioculturelle, le courant politico-religieux de
l´époque se reflète sur les toiles de
Poussin, surtout représenté par les couleurs, regardons cette Cène sous cet
angle.
A droite nous aurions le Pape, face à celui-ci le roi de France, par ce bleu
« bourbonique ». Près d´eux les ambassadeurs des pôles opposés.
Tous se disputent à propos de Jésus, les uns comme héritiers de ses idées et
principes, les autres sur sa
descendance sanguine : d´où la question Jean ou Marie Madeleine ?
Le blanc ne se retrouve que sur la chemise
de Judas, qui ressemble à Spada, ce cardinal qui passa l´enjeu au royaume
des Autriche durant la visite de Velázquez, chevalier de Santiago. D´ailleurs
spada veut aussi bien dire épaule en
italien, qu´épée. Cet enjeu mis sur
le trône du Vatican le successeur d´Innocent X, le future pape, Alexandre VII. Ces deux là firent des bulles anti-
jansénistes.
Marie Madeleine, ressemble à une reine, ennemie, haïe, manipulée puis soumise
à son destin, au silence. En
« sainte » Compagnie avec un traître et un tourmenté menaçant.
Suivons la chaîne des mains, elle arrive jusqu´au personnage à la cape rouge
qui siée à côté de celui qui se tient debout , droit et étudie son opposé…qui
étudie droit…un avocat ? Une chaîne de secrets, de confessions, la
Sainte Compagnie, lors du premier
saint Sacrement de l´Eucharistie, celui qui s´instaura lors de la Dernière Cène.
Judas est le personnage plus retouché par
Poussin par rapport à Vinci. Sa bource est ici visible, comme chez Léonard
qui l´a assit à droite du Seigneur.
Mais est-ce une bourse ou une fronde ? Cette fronde qui envoya la reine
en exil, tandis que Fouquet régnait à Paris. Fouquet, chargé des finances,
comme le fut Judas, était aussi de la Compagnie.
Et puis il y a le groupe aux couleurs terreuses, plus naturelles, plus
proches de la terre, des roseaux pensants comme dirait Pascal. La dispute
entre gallicanisme, jansénisme et jésuitisme sûrement. Les débats suscités
par l'interprétation de l’augustinisme ont largement contribué aux
conceptions modernes de la liberté et de la nature humaine. Saint Augustin
qui est si souvent représenté en cape dorée ou ocre. Le problème de la
liberté personnelle ou de la prédestination de l´homme est source de dispute
à cette époque. C´est un peu le problème de Gulliver et de la cassure de
l´œuf.
Tous trois demandent à Jésus, mais il n´y a
pas de réponse. Deux semblent plus féroces, l´autre ouvre son cœur.
L´Eucharistie de Poussin
Le calice qui est bien
posé sur la table, semble pourtant se tenir sous la main de Jésus.
Les ombres sont bizarres. Les 12 sont encore présents.
Sacrement Eucharistique
de Poussin
Ici Judas sort de la scène. Remarquez le
manque de lumière.( éclairée ici )
Récollection de la manne de Poussin
Travail exécuté à Rome et commandé par Paul Fréart
de Chantelou .
Le sujet biblique est tiré de l'Exode. Les Israélites reçoivent la manne
céleste de Dieu qui les sauve de la famine.
Le miracle est ici interprété comme une préfiguration de l'Eucharistie,
représentée sous la forme d'une pluie d'hosties.
|
Poussin copie Vinci, alors qu´il fit deux autres Cènes pour ses Sacrements,
mais il plagia celle de Léonard tout en changeant l´essence de cette œuvre.
Pourquoi ?
Vinci, est l´exemple par excellence de l´homme de la Renaissance, un
humaniste. L´humanisme, est cette philosophie qui place l'être humain et les
valeurs humaines au centre de la pensée, elle naquit à son époque en Europe
et se prolongea jusqu´au XVIºs. L'humanisme se caractérise par un retour aux
textes antiques, et par la modification des modèles de vie, d'écriture et de
pensée. Donc on peut conclure que Poussin fut un humaniste.
Au sens moderne, cette philosophie désigne toute pensée qui met au premier
plan de ses préoccupations le développement des qualités essentielles de
l'être humain et qui dénonce ce qui l'asservit ou le dégrade.
L'humanisme est en principe ouvert à tous,
mais en réalité il est réservé à l'élite sociale du moment, le peuple n'en a
pas vraiment conscience et reste encore imprégné des idées moyenâgeuses. Car
même avec l'apparition de l'imprimerie, les livres restent encore très chers
et le peuple ne sait pas lire.
L´enseignement est donc important, celui-ci
se trouve entre les mains des jésuites et des jansénistes, qui se le
disputent. En fait c´est la guerre entre ses deux courants de pensée qui vont
se détruire mutuellement.
Cet humanisme donnera naissance au Siècle
des Lumières, qui tire son nom du mouvement intellectuel,
culturel et scientifique connu sous le nom de Lumières.
Lumière qui brille au centre de cette Cène ci-jointe
de Nicolas Poussin.
Ce Siècle Eclairé, qui correspond avec le
Baroque du décor, dont la chronologie commence officiellement à la révolution
anglaise de 1688 (168); comme la Renaissance débute, d´après les livres
scolaires à la découverte des Amériques par Colon en 1492 ! mais ce
n´est qu´une référence, les révolutions se manifestent bien avant d´éclater.
On trouve dès les années
1670, la mention de « siècle éclairé » dans certains écrits
historiques et/ou philosophiques relatant les expériences et les progrès
scientifiques de cette époque.
On ne peut alors que se rappelait le procès de Galileo Galilei devant le
tribunal ecclésiastique. L´église, elle aussi est augustine. Saint Augustin,
de son temps, se moquait de la théorie des antipodes et expliquait qu'il vaut
mieux faire confiance aux hommes de foi pour les questions de dogme et à
Aristote, donc à son idée de Terre plate centre de l´Univers, pour les
questions concernant la nature. Plus de mil ans plus tard on en était au même
point ! malheur à qui contredira Aristote. L´Inquisition tombera sur
lui, pauvre hérétique. Rappelons ici que Raphaël sur son Ecole
d´Athènes représenta au centre accolé et opposé à Aristote qui désigne le Bas,
Vinci comme Platon qui montrant lui le Haut.
Rome freine l´avancée de cette Lumière, ce
savoir qui mène à la vérité. [[
Rien ne meurt, tout se transforme :
Ainsi l´ humanisme, rendu possible grâce au
protectorat des mécènes, face à la censure de l´Eglise catholique,
se transformera en faisceaux lumineux qui éclaireront la Révolution.
Lorsque les Médicis abandonnèrent Galilée à son sort, adouci il est vrai, par
la surveillance amicale du pape Barberini, ils marquèrent la fin de l´esprit
de la Renaissance, mais pas celle de l´humanisme qui persévéra bien que plus
discret.
On peut se demander, chose qu´un janséniste affirmerait, si tout ceci ne fut
pas orchestré à l´avance ? L´abandon de l´astronome italien fut-il
voulu, désiré, nécessaire pour forcer
les esprits à se mouvoir, à avancer vers la vérité ?
L´Eglise se trompait, faisant ainsi de Galilée un martyr scientifique, sur un
fait démontrable que dire alors de son interprétation des Ecritures ?
Rome n´est plus infaillible !
Jansénistes et jésuites tenaient l´enseignement, ils s´annulèrent les uns aux
autres. Les gallicans contre les ultramontains, c´est à dire les Jésuites,
les ligueurs et les dévots. Le gallicanisme se détacha de la papauté et
adopta la Constitution civile du clergé. Ce qui fait des membres du clergé
des fonctionnaires salariés par l'État sous réserve de prêter un serment de
fidélité à la constitution républicaine. La Révolution mit fin au joug de
d´Eglise. Peut-on s´étonner si quand l´état français refusa de payer son
clergé un certain Bérenger Saunière se déclara ouvertement monarchiste ?
Donc les 3 personnages à gauche de Jésus, notre droite, vont recevoir
l´illumination par approche du Christ et de son message originaire, mais
aussi par la lumière qui ouvre les yeux, comme il est habituel chez Poussin,
celle qui entrera par la porte ouverte, l´aube, puisque les cierges sont
consommés. Les Humanistes illuminés
ce sont les Illuminati .
Ces humanistes, ces mécènes, et leurs
artistes sont les lutteurs de
Dieu.
|
Sur ce Codex d´Urbinas Latinus nommé aussi
"La peinture est une poésie muette" Léonard ne s'en tient pas
qu´aux considérations sur la technique et la théorie de la peinture. Il
poursuit sur sa vision de la vie.
Léonard de Vinci s’intéresse dans ce traité à l’essence même de la peinture
dans laquelle il décèle une manifestation divine.
« Ecoutons-le » : « Le caractère
divin de la peinture fait que l’esprit du peintre se transforme en une image
de l’esprit de Dieu ; car il s’adonne avec une libre puissance à la
création d’espèces diverses : animaux de toute sorte, plantes, fruits,
paysages, campagnes,…. » Le don divin ne peut être que
créatif !
Flore, par Francesco Melzi. Le tableau
est aussi appelé Colombine à cause de la fleur d’ancolie
( colombine signifiant ancolie en
anglais ), symbole de fertilité que le personnage tient entre ses mains.
Notez que MELancolie = Fertilité ( Voir Dürer, l´Alchimiste
)
Couleurs : Jaune = 4 terrestre et 6 = lien Haut et Bas, spirituel
C'est en 1651 que les extraits qui forment
le Traité de la peinture furent publiés pour la première fois sous ce
titre : Trattato della pittura di L. da V. nuovamente dato in luce con la
vita dell' autore da Raphaël du Fresne (Parigi, 1651, in-fol.). Ce
traité, compilation de divers fragments des manuscrits, fut aussitôt traduit
en français par Friart de Chambray. L'édition a été faite d'après deux copies
manuscrites, l'une qui est aujourd'hui à la bibliothèque Ambrosienne, l'autre
à la bibliothèque BARBERINI. Il existe à la bibliothèque du Vatican une copie
dont l'écriture paraît du XVIe siècle (Codex Vaticanus), attribuée
à Melzi.
Au début du XVIIe siècle,
Leoni récupère une partie du travail effectué par Melzi sous la forme d'une
dizaine de volumes. Il en revend une partie en Espagne à LORD ARUNDEL (
mécène de Van Dyck ) et en Italie. Ensuite, il constitue par
collage et découpage des textes originaux, le Codex Atlanticus. Cet
ensemble de documents comprend des notes et des schémas techniques désignés
sous le titre Disegni di macchine e delle arti secrete di Leonardo da
Vinci.
Ce codex ainsi que d'autres documents parviennent par donation à la Bibliothèque
Ambrosienne à Milan. Un autre ensemble d'écrits surtout d'intérêt
artistique, acheté par Lord Arundel se trouve aujourd'hui dans les
collections de Windsor en Angleterre !
Retenons donc
que la première parution d'une œuvre écrite de Léonard fut faite en 1651 avec
le Trattato della pittura , un des rares ouvrages qu'il avait préparé
de son vivant en vue d'une possible publication.
Notons cependant, pour ceux qui n´ont suivi jusqu´ici, que Dürer connut
personnellement Léonard, que Van Dyck voyagea en Italie en vue de limer son
apprentissage que le Comte d´Arundel et sa femme, dont il fit les portraits,
furent ses principaux mécènes … et pour Poussin, habitant Rome ? Il eut
un ami et mécène du nom de Cassiano Dal Pozzo.
Cassiano dal Pozzo s´inspira du Codex Barberinus 832 pour imprimer un traité de l´Art
illustré par Nicolas Poussin. ( lire Poussin et l´Anatomie ou Il Trattato Della Pittura Di Lionardo Da Vinci)
[
|
L´Académie des Lynx
Revenons à Poussin et son
ami de longue date et mécène Dal Pozzo, Secrétaire du cardinal Francesco
Barberini, qui aida l´artiste lors de son arrivée à Rome. Cassiano était aussi
antiquaire collectionnant les œuvres du classicisme romain.
Poussin, dans une lettre, déclarait qu'il
était un disciple de la maison et du musée du cavaliere dal Pozzo."
Docteur ayant un intérêt pour la proto-science de l'alchimie, correspondant de
personnes connues comme Galileo Galilei, collectionneur de livres et maître
en dessins, dal Pozzo était un lien majeur dans le réseau de scientifiques
européens.
Mise à part l´ amitié durable avec Poussin qui
partageait ses intérêts d'antiquaire et duquel Cassiano a commissionné la
série des Sept Sacrements []et le manuscrit illustré de Leonardo da
Vinci « Le
Regole e Precetti della Pittura », " Les Règles et Préceptes de la Peinture.".
La commandite de Cassiano s'étendait
jusqu'au peintre français Simon Vouet à Rome et au sculpteur du mouvement
classique Alessandro Algardi, à Artemisia Gentileschi, Gian Lorenzo Bernini,
Pietro da Cortona, Caravaggio et d'autres artistes contemporains moins connus
qu'il gardait bien occupé avec des commandes plus ou moins importantes pour
son Museo Cartaceo.
En 1612, il a déménagé à Rome où, avec un sens aigu de la diplomatie, il
s'est mû dans un milieu de mécènes influents et cultivés. Après avoir accédé
au poste de secrétaire pour la maison du cardinal Barberini en 1623, Cassiano
est devenu rapidement une personnalité proéminente de la vie intellectuelle
de Rome. Dal Pozzo et le cardinal étaient tous deux membres de l'Académie des
Lynx, la société fondée par Federico Cesi.
[
Federico Cesi, fils du Marquis de
Monticello, Duc d'Acquasparta et de Olimpia Orsini, s´intéressa , dès son
jeune âge aux sciences naturelles. Son père fut fortement opposé à la direction
de ces études, mais sa mère lui a fourni l'appui moral et financier.
En 1603, à l'âge 18 ans, il fonda “l'Accademia
dei Lincei ”. Ses membres initiaux étaient Cesi, Francesco Stelluti,
Johannes Eck, Galilée et Anastasio de Fillis. Ces membres ont vécu ensemble
et presque monacalement dans la maison de Cesi, où il leur fournissait des
livres et l'équipement de laboratoire.
En 1605, un document défini les buts de
l'académie "non seulement
pour acquérir la connaissance de choses et la sagesse et vivant ensemble
justement et pieusement, mais aussi paisiblement les montrer aux hommes,
oralement et par écrit, sans n'importe quel mal." il consacra toute sa vie à ces buts et à
son académie.
Celle-ci fut fermement contestée par son père et d'autres aristocrates
Romains. Ses membres furent accusés de magie noire, d'opposition à la
doctrine de l’Église et de mener une vie scandaleuse.
Eck fut forcé à quitter Rome et pendant quelque temps les membres de
l'académie furent dispersés. Cesi maintenait le contact avec tous par
correspondance. Pendant un séjour à Naples, Cesi rencontra Giambattista Della
Porta et décida de l'installation d'une branche de l'académie dans cette
ville. Porta devint un membre de l'académie en 1610.
Le membre le plus célèbre de l'académie fut
bien entendu Galilée, qui s’y installa au printemps de 1611, pendant sa
visite à Rome.
Les publications les plus célébrées de
l'académie furent celles de Galilée, d'abord ses Lettres à propos de Taches
solaires en 1613. Après l'arrivé de Galilée, l'adhésion à l'Académie Lyncean
grandi rapidement et atteint 32 membres, y compris beaucoup de pays
étrangers. A sa mort en 1630 l’académie mourut avec lui.
Emblème de l´Académie du
Lynx, puis à droite le livre de Galileo Galilei
« Istoria e dimostrazioni intorno alle macchie solari e loro accidenti
comprese in tre lettere scritte all'illustrissimo Signor Marco Velseri
Linceo”... In Roma, Appresso Giacomo Mascardi, 1613, 8.
A propos de Léonard De Vinci, Harald Höffding nous dit dans son
Histoire de la philosophie moderne :
« L’inconstance de sa vie et la diversité de
ses occupations eurent pour effet de l’empêcher de composer les ouvrages
qu’il projetait sur des sujets physiques et philosophiques. Ils auraient
profondément influé sur le développement de la pensée scientifique et
l’auraient considérablement accéléré. Des idées que l’on rapporte d’ordinaire
à Galilée ou à Bacon se trouvent déjà exprimées par Léonard de Vinci, mais sont
restées enfouies dans ses manuscrits (…) »
Nous pouvons donc supposer que ses
manuscrits étaient connus dans le milieu de l´Académie des Lynx et donc de
Poussin qui écrivait à Abraham
Bosse, que le traité de peinture de Léonard de Vinci pouvait être contenu
dans une seule feuille de papier et en grosses lettres ...
Etudions donc à présent le dessin de Poussin et voyons s´il est resté fiel au
message de la Cène de Vinci ou s´il en a émis un autre plus personnel, les
époques et les soucis étant différents, en apparence.
« E lvmine
et Colore »
Nous avions déjà
étudié le côté politico-social de
cette copie, regardons la à présent sous l´œil de la gématrie, comme nous
avons fait avec ses Bergers
d´Arcadia , ses Quatre Saisons
et d´autres
tableaux. Pour enfin pouvoir la comparer avec l´étude gématrique faite à celle de Vinci.
Nous rencontrons une
petite complication ici, c´est qu´à la Renaissance, pour les fresques les
artistes employaient des couleurs « primitives » ce n´est pas le
cas avec Poussin qui joue de la palette. Les couleurs sont mélangées nous
avons les tons ocres qui sont du
jaune et du marron, des tons gris verdâtres ou gris bleuté. Nous avions, déjà
dans l´étude de son Allégorie de
la Vie Humaine ou Danse de la Musique et du Temps, ajouté les chiffres, attribués à chacune
des deux tonalités qui composent une couleur.
Jésus chez Poussin
comme chez Vinci : Bleu et Rouge => 6 + 2 = 8 …le Soleil du Haut
qui se reflète au Bas… VIII, La Justice divine
|
II
SENS >>>
|
I
SENS >>>
|
C
|
D
|
A
|
B
|
Bleu 6
|
Rouge 2
|
Bleu 6
|
Gris 8
|
Gris 8 Bleu 6
|
Bleu 6
|
Marron 1
|
Ocre 5
|
Marron 1
|
Bleu 6
|
Rouge 2
|
Rouge 2
|
Rouge 2
|
Vert 5
|
Ocre 5
|
Orange 3
|
Blanc 9
|
Vert-gris 13
|
|
Vert 5
|
Ocre 5
|
Ocre 5
|
Bleu 6
|
Blanc 9
|
|
|
|
|
Rouge2
|
|
|
|
|
|
|
Noir 0
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Marron 1
|
8
|
7
|
11
|
11
|
19 ou 17
|
19
|
1
|
5 ou 10
|
6
|
11
|
8
|
12
|
26 = 8 , La Justice
|
49 = 13 , La Mort
|
12, Le Pendu
|
31 = 4, L´Empereur
|
|
ou 47= 11, La Force
|
ou 17, L´Etoile
|
|
|
|
|
|
17=> 8
|
22 ou le 20
|
12
|
13 =>4
|
L´Etoile
|
Le Mât, le Jugement
|
Le Pendu
|
La Mort
|
26 + 49 + 12 + 31 = 118 = 10 = UN
ou 118 + 5 =
123 ! soit 6, INTERACTION du Haut avec le Bas ou la graine du Bas qui
germe
|
Poussin offre deux possibles
lectures par son mélange de palette :
- la première, l´histoire biblique : l´étoile marquant la naissance ou venue à la vie
matériel, terrestre, ( les Mages étaient astrologues ) sous le joug de Pilat
et d´ Hérode
( les Empereurs ) dictant leurs justices et enfin la mort. Les étoiles marquent notre naissance, sur
le chemin de la vie terrestre, par justice, nous cheminons tous vers la mort
du corps, le tombeau. ( symbolisme qui se retrouve sur le chemin des Jacques,
champs d´étoiles ou de stèles, mais aussi sur le jeu d´Oie, où on retrouve la
prison.)
- la deuxième en réduisant les nombres, une
histoire d´initiation : Le Pendu, La Mort, L´Etoile et Le Mât ou Initié
fini.
Remarquons dans les deux
cas ce brouillard visible par la seule fenêtre que Poussin laissa. Fenêtre ou
porte, grand orifice, unique ouverture visible de cette salle. La seule
issue, la seule voie c´est le Christ.
Jean-Madeleine équivaut au Soleil du Tarot XIX que nous retrouvions sur la
Dame des Bergers d´Arcadie. Qui est la Providence, la RouX.( 19 = 1 + 9 = 10
ou X )
Ce 19 solaire est aussi appliqué à Judas,
personnage important dans ce drame.
Notons aussi que dans le second cas les nombres sont ascendants : 12,
13, 17, 22 !
Le Pendu est le symbole d'une initiation passive,
mystique. Le corps est inactif, impuissant, car l'âme libérée fuit dès lors
la réalité de la matière. Remarquons qu´à la naissance, c´est l´inverse, bien
que le bébé, dans un accouchement conventionnel, soit tenu de la guise, par
une jambe.
La Mort , équivaut au M (aime ) et ne porte pas de
nom, car en symbolique, nommer c'est donner vie, donc Poussin nous parlerait
plutôt d´une fausse mort purement symbolique. Une preuve suivie d´une
transformation. Pourtant il laissa dans ses peintures une autre image bien
différente de la MORT DE JESUS
L´Etoile, c´est l´espoir, maître mot qui symbolise cette carte. Comme l'étoile du berger,
elle guide vers un avenir meilleur. L'étoile est une carte constructive, elle
n'est pas un aboutissement, juste un passage qui ne souffre pas la
stagnation.
Le Mât ressemble à l'imagerie des trouvères et
troubadours du Moyen Âge, qui colportaient idées, poèmes et chants au travers
des chemins qu'ils parcouraient. C´est l´Initié fini, l´Initiateur ! Ces
quatre images s´assemblent sur ses
autoportraits.
Poussin passa, à travers
la copie du bien fameux fresque de Milan, son message personnel qui est en
accord et sert de confirmation pour l´étude que j´ai fait de ce grand Maître
français de l´Art à travers les nombreux chapitres de ce site comme Les Mécènes de Nicolas Poussin ou Un
Secret Bien Gardé et Le secret de
Nicolas Poussin. ( voir Index )
Adela
Suivre : Ceux qui
Luttent avec Dieu
Suivre
aussi : La Cène de
Vinci et les 4 Tempéraments
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