Teniers,
Le Jeune
Saint Antoine de Ribera
"Bergère,
pas de tentation, que Poussin Teniers gardent la clef PAX, DCLXXXI ( 681) par
la Croix et ce cheval de Dieu, j'achève ce daémon de gardien à midi pommes
bleues"
Les Tentations de Saint Antoine
Les Tentations de ce saint sont l´objet de nombreuses représentations
chez Teniers le Jeune, mais il n´y en a que deux gardées au Louvre.
Ces deux là laissent assez indifférents les chercheurs de l´Enigme de Rennes
-le-Château qui ne savent qu´en faire.
A vrai dire elles ne sont pas très « parlantes » par rapport au
possible secret ou trésor de l´abbé Saunière.
Donc voyons celles du Louvre, puisque Bérenger Saunière est sensé l´avoir
visité et en avoir rapporté trois copies, un Poussin, un Célestin V anonyme
et un Teniers incertain à Rennes-le-Château.
Les deux tentations du Louvre et
leurs semblables
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La première appartenue à Mr Grégoire avant de passer au
Musée du Louvre, la seconde au Docteur Louis La Caze, tout un personnage, à
la fois médecin, philanthrope, peintre amateur
, collectionneur il est l'un des plus grands donateurs du Louvre. En effet il
légat par testament sa collection au Musée.
Saint Antoine déjà très ancien est, sur les deux toiles, en pleine méditation
pendant qu´un personnage à ses côtés l´incite à boire d´une coupe en verre.
Cette « eau » proviendrait-elle de la jarre visible sur la
table-autel ou sur la fenêtre ? Car il y a dans les deux cas un oiseau blanc, une petite poule d´eau qui
fait des siennes dans le contenu de cette jarre.
La poule blanche était usée en magie.
Le Crâne devant l´ermite lui sert presque de reposoir pour sa lecture. Crâne,
croix, livre, sabliers sont les attributs habituels aux anachorètes.
La table-autel avec ce crâne humain a une marche adossée à elle, comme la
pierre sur laquelle repose son pied le fameux berger de Nicolas Poussin, en
Arcadie.
Il y a toute une ribambelle de monstres autour du saint. Le premier démon
avec une carotte « épinglée » à sa coiffe se retrouve sur les deux
œuvres.
Cet homme à la carotte serait
Hilarion, son disciple qui lui présentait, dans l´œuvre de Flaubert
« tous les dieux, tous les rites, toutes les prières, tous les
oracles », soulignant les contradictions des Écritures.
Sur la première toile il tente, alors que sur la suivante il
invoque, par sa lecture.
Cette invocation au diable se fait
aussi dans le premier cas, mais par une femme à bonnet cornu, qui se retrouve
sur bon nombre de Tentations de cet artiste.
Voyons les autres Tentations de Teniers et la vie de ce saint égyptien qui
ressemble fort à son Alchimiste.
Teniers nous laissa quelques tableaux
ressemblant à ceux du Louvre :
D´ Autres Tentations du Saint
Ermite avec femme tenant une coupe
Celles où une belle femme aux SERRES d´oiseau
et queue, toujours accompagnée par la vieille au bonnet cornu, le tente.
Ceci n´est pas nouveau nous le retrouvons vers 1500. Remarquons que le crâne
et le tibia sont à échelle du Christ.
Cet Antoine tranquillement bénit la jeune au « baume » accompagnée par une vieille tenant un
fuseau, ou il fait un signe de croix… PAR CE SIGNE TU LE VAINCRAS
Il vaincra la Pécheresse et ses 7 démons, puisque le récipient qu´elle tient
rappelle le pot de baume de Marie Madeleine.
Ce chiffre 7 rapporte au nombre de péchés capitaux.
Pieter Coecke van Aelst, Les Tentations de
saint Antoine, vers 1540 de la Colección Real.
Teniers habille ces femmes qui ne tiennent plus qu´une coupe en verre, le nu
était mal vu à son époque.
Ses saints Antoine prient tout simplement.
En
arrière plan on peut voir devant une cabane St Paul et St Antoine, sur le
second tableau
La Vie de Saint Antoine
Né dans une famille copte assez riche, saint Antoine, fervent
chrétien, dès l'âge de vingt ans prend l'Évangile au pied de la lettre, il
distribue tous ses biens aux pauvres, puis part vivre dans le désert en
ermite.
Là, à la manière du Christ, il subit les tentations du Diable. Si pour le
Christ celles-ci ne durèrent que quarante jours,
le temps passé dans le désert, pour Antoine ce sera beaucoup plus long et
plus difficile, puisque lui y passa sa vie. Les démons n'hésitant pas à
l'attaquer.
Mais Antoine résiste à tout et ne se laisse pas abuser par les visions
tentatrices qui se multiplient.
Pour fuir de la torture de ses visions qui le tourmentent, en 312 il change
le désert et va en Thébaïde, sur le mont Qolzum, où se trouve aujourd'hui le
monastère Saint-Antoine.
Le Diable lui apparaît encore de
temps en temps, mais ne le tourmente plus comme autrefois. Il faudrait se
demander ce qu´il mangeait là-bas ? Nous aurons la réponse plus loin.
C´est pas bon de prendre au pied de la lettre ce qui est écrit dans la Bible.
La légende dit que le premier lieu choisi par ce saint, pour sa vie
contemplative, fut un cimetière, qu´il fuit à cause du nombre croissant d´
adeptes. C´est pour cette raison qu´il en est aussi le patron.
Comme il l´est aussi des animaux de la grange, à cause du cochon
qui l´accompagne qui ne serait que le diable-lui-même qu´Antoine apprivoisa.
Mais cette légende ancienne remonte à
la création des ANTONINS, ordre religieux fondé en Dauphiné vers 1095.
Les porcs n'avaient pas le droit
d'errer librement dans les rues, à l'exception de ceux des Antonins,
reconnaissables à leur clochette.
C´est de cette guise qu´il est représenté à Rennes-Le-Château,
avec plus qu´un cochon un sanglier, ce qui rappelle un chapitre de La Vraie
Langue Celtique de l´abbé Boudet qui joue à « angler » les mots.
Ainsi jouons nous aussi sanglier devient sang lié. Zurbarán l´a aussi
représenté à plusieurs reprises avec un sanglier, ainsi que Juan Sariñena, ce
ne sont que des exemples parmi bien d´autres.
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Une légende veut que les
reliques de Saint Antoine, l'Égyptien aient été ramenées de Terre Sainte par
un seigneur du Dauphiné, au XI siècle.
Elles sont déposées dans le village de La Motte aux Bois, qui devient
Saint-Antoine-l'Abbaye.
Les Bénédictins commencent alors la construction d'une église et d'un hôpital
destiné à soigner les victimes du Mal des Ardents.
Au XIII siècle, le Pape confie les lieux aux
chanoines de l'Ordre de Saint-Antoine. De grands travaux d'extension sont
menés du XIV au XVI siècles,
période faste pour l'Ordre en général et l'abbaye en particulier.
En janvier 2006, les
reliques d'Antoine le Grand ont été déplacées de la France (Arles) vers
l'étranger, en Italie sur l'île d'Ischia.
Mal des Ardents ou ergotisme convulsif se présente sous
forme d'hallucinations passagères, similaires à ce que provoque le LSD.
C'est au début du Moyen Âge que l'ergot se répand. Il est alors communément
admis que les personnes atteintes soient des victimes de sorcellerie ou de
démons.
L'intoxication est baptisée du nom de « feu de Saint-Antoine » car
nombre de ses « victimes » se rendaient en pèlerinage auprès des
reliques de ce saint
, à Saint-Antoine-l'Abbaye, ou à cause des hallucinations, dites tentations
de ce saint.
Ils en revenaient soignés, car bien que ce mal fut longtemps considéré comme
une possession, il n´est qu´une intoxication due à l'absorption d'ergotamine
présente dans de l'ergot du seigle.
Voilà ce qui provoqua les dites tentations su saint ermite.
C´est un peu ce qui arriva à saint Antoine le Grand ses visions sont de type
schizophrénique, de forme paranoïde, s'appuyant sur des hallucinations.
Cliquez sur l´ image pour
une HD. Saint Antoine entouré de 7 péchés capitaux, donc il s´agit bien de
tentations !
Mot sorti du latin caput (« tête »), par comparaison à cette
partie du corps qui dirige l’ensemble : le péché capital conduit à
d’autres péchés.
Pour cette raison, la Somme théologique de saint Thomas d’Aquin
indique que l’appellation de « vices » serait plus appropriée que
celle de « péchés ».
Les sept péchés capitaux identifiés par Thomas d'Aquin sont l’acédie (ou
la paresse spirituelle), représentée par la femme sous la colline
l’orgueil, le couple avec paon et la
luxure, car lui ne regarde que le décolleté de la dame aux pieds de Serres
la gourmandise, le bon vivant
chevauchant un porc à tête de squelette
l’avarice, la femme de notre droite comptant ses monnaies.
la colère, à gauche portée par le lion et l’envie dévorant un cœur.
Sur les Tentations de Teniers :
Il reçoit le plus souvent la visite d´une femme qui lui offre une coupe en
verre remplie d´eau. Cette femme est le plus souvent présentée par la vieille
à la capuche cornue, comme celle du Louvre.
Un oiseau blanc se retrouve sur les jarres d´eau.
Sur l´image d´en haut on voit une tête de cochon, à côté d´un
homme qui ressemble à un gai aubergiste.
De la dame on passe à un couple, qui s´embourgeoise, d´une toile à l´autre.
On sort de la grotte quelques fois pour voir Saint Antoine dans une ruine,
toujours tenté par une femme de blanc vêtue.
Antoine se tient toujours devant sa pierre d´autel qui lui sert de table.
Mais on retrouve aussi saint Antoine seul, soulagé des tentations charnelles
offertes par le démon, dans un paysage assez particulier.
Le paysage, sauf, pour les ruines est quasiment le même :
Un
Paysage bien Singulier… Sans Tentation
N´est-ce que saint Antoine qui reçoit des pèlerins ou des adeptes ou Teniers
représente ici les ermitages des Antonins ?
La seconde image peut rappeler l´ermitage de saint Antoine de Galamus près du
Bugarach près de Rennes-le-Château.
Ce paysage rappelle le défilé de la
Pierro-Lys, d'une longueur de 2
km, qui était, avant le XVIII s. infranchissable. Une route y fut construite
en 1781 par le curé Félix Armand, ouvrant ainsi la communication vers la
haute vallée de l'Aude et le Roussillon. Le lieu concret où la route passe
sous un arc creusé à la pioche par le fameux abbé s´appelle depuis le TROU DU CURÉ.
Bien sûr ce paysage ne se retrouve pas qu´ici, en ce point plus
ou moins particulier de la géographie française, mais aussi dans un lieu
moins touristique, la région minière du Maestrazo du Bas Aragon ( Région qui
comme indique son nom était sous la protection du Grand Maître de l´Ordre du
Temple ) concrètement après le village de Santa Barbara, dont la centrale
thermique alimentait la France.
Ce paysage se retrouve sur le tableau de Teniers suivant : une sainte
bien espagnole , qui ne fut jamais ermite ! mais si tentée. Puis une Marie Madeleine…
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Voir à propos du tableau au-dessus "BERGÈRE
PAS DE TENTATION"
(par
Jean-Marie Villette) sur ce même site
Sainte Teresa de l´Enfant Jésus dite aussi
tout simplement d´Avila
Marie Madeleine Pénitente…sans tentation !
Bien sûr les tableaux sur lesquels on voit un autel dans une
grotte, avec un refuge adossé, peuvent rapporter
à l´ermitage du Galamus
dédié précisément à Saint Antoine.
Saint
Antoine, le Grand et Saint Paul de Thèbes
Les artistes ont aussi souvent représenté sa rencontre avec saint
Paul de Thèbes, peu de temps avant la mort du premier ermite.
Saint Paul serait le premier ermite selon saint Jérôme, c´est donc avec
Antoine l'une des figures fondatrices du monachisme.
Sa fête est le 15 janvier pour l´Eglise
Romaine, donc deux jours avant la
saint Antoine, le 17 JANVIER.
D'après la Légende dorée, Paul de Thèbes se
retira durant soixante ans dans une grotte pour échapper aux persécutions de
l'empereur Dèce.
Antoine, apprenant qu'il n'était pas le premier ermite, part rencontrer Paul.
À l'heure du déjeuner, un corbeau, animal médiateur entre la vie et la mort,
apporta ce jour là une double ration de pain aux deux hommes
et Paul expliqua que c'est ainsi que
Dieu lui servait son repas chaque jour.
Animal considéré de mauvaise augure
le corbeau, qui ne revient pas à bord de l´arche de Noé apparaît dans le
premier livre des Rois 17 : 4, Dieu commande aux corbeaux de nourrir le
prophète Élie;
alors que dans le Nouveau Testament, les corbeaux sont utilisés par
Jésus pour montrer la prévoyance de Dieu dans l'Évangile selon Luc
12 :24.
Paul mourut peu de temps après le départ d'Antoine et son corps fut enterré
dans une fosse creusée par deux lions.
Les tableaux suivants, sans tentation, évoquent la visite de
saint Antoine à saint Paul. Le premier fut utilisé par Richard Andrews et
Paul Schellenberger dans leur livre :
Le Tombeau de Dieu, dans lequel ces
deux chercheurs de trésors concluent que le tombeau du Christ est sous le
Cardou.
Bien sûr l´ermitage du Galamus est près de Saint-Paul-de-Fenouillet et les
gorges furent creusées par l´Agly, (aigle ?)
le fleuve qui prend sa source au col de Linas, près du Pech de
Bugarach dans les Corbières, département de l'Aude.
Il arrose Saint-Paul-de-Fenouillet,
puis passe à Estagel où il reçoit le Verdouble ( double ration ?), avant
de se jeter dans la Méditerranée.
A comparer avec la suivante…sans Paul…les tentations reviennent.
A Shugborough Hall…
Copie d´Anne Margaret Coke, vicomtesse d´Anson à Shugborough
Hall, là où nous avons une autre copie, mais inversée des Bergers d´Arcadie
de Nicolas Poussin.
Un portrait que Thomas Hudson fit à la fille de cette femme la montre tenant
un de ses dessins : la première version de bergers de Poussin.( Voir
)
Lady
Elizabeth Yorke Anson tenant un dessin représentant le Dante de Carlo Dolci puis le Poussin
Saint
Antoine Visitant Saint Paul avec deux Rennes et un Ecureuil …
Deux Rennes et un écureuil ( fouquet ) sur un
chariot ( brouette) visitent le potager de saint Paul.
Les deux personnages conversent devant la Maison de Dieu, marquée par la
croix… le jardin du curé de campagne ? Un troisième chemine sur le
sentier.
D´autres
Grottes chez Teniers
Pour Teniers les grottes sont aussi l´Enfers des mauvais riches, et des lieux de sorcellerie, comme
nous pouvons apprécier sur les deux œuvres suivantes.
Est-ce pour cela que lorsqu´il situe saint Antoine dans l´une d´elles il est
tenté par ses monstres ?
Arrivée du Mauvais Riche aux Enfers
Sorcière
Ce ne peut pas être une allusion à Asmodée qui ne « régnera » sur
Rennes-Le-Château que bien plus tard, mais si à une mode,
ou
courrant de pensée, qui faisait pousser des jardins initiatiques où
pyramides, tombeaux, cénotaphe et grottes, étaient très prisés.
( voir ma page : OSER - VOULOIR
- SAVOIR - SE TAIRE et celle de Catherine Pierdat : UN TOMBEAU EN
ARCADIE ou les Jardins
Initiatiques)
Les Bergers de Teniers, « Hermitage » sans
Tentation…mais avec Bergère !
Il s´agit de deux tableaux nommés Bergère et Berger qui
s´accolent parfaitement, formant en son centre un monticule qui peut rappeler
le lieu dit Tombeau des Pontils vers Serres,
c´est à dire le méridien saint-sulpicien.
Il y a bien deux pâtres gardant leurs respectifs moutons sur chaque toile,
alors que les personnages centraux jouent de la musique, lui couronné de
lierre,
plante d´immortalité et elle trop coquette pour une simple bergère, même
musicienne.
Rappelons ici qu´ à cette époque les riches aimaient à jouer les pâtres
bucoliques.
Suite : Que Vient-il Faire dans cette
Affaire ? ou "La Découverte de Pâris" par Teniers
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