III - LES GRANDES DEESSES MERES, DES CALQUES POUR NOS SAINTES
François Xavier Fabre ( cliques sur l´image
)
* Bas relief de l’Ara Pacis
d´Auguste représentant Tellus Mater .La déesse voilée et couronnée de
fleurs et de fruits est assise, avec une grappe de RAISINS et des GRENADES
sur son giron. Elle est entourée d'un bœuf et d'un mouton, et de deux amours,
dont l´un d´eux attire son regard en lui PRESENTANT UNE POMME. Sur les côtés,
deux jeunes femmes, l´une montée sur un dragon marin, l’autre sur un cygne,
symbolisent respectivement les vents propices maritimes et terrestres.
DIFFERENTS NOMS POUR DESIGNER UNE MEME CHOSE
OU L´ORIGINE DE NOS SAINTES CHRETIENNES.
Nous venons d´apprécier l´importance des Bétyles dans la
religion primitive que l´abbé Boudet reprend dans son livre La Vraie Langue Celtique ou le Cromleck de
Rennes-Les-Bains ( voir page
antérieure) Il accompagne le tout avec les sacrifices de sang, les eaux
thermales et le blé.
Principalement associée à la fertilité, la pierre ou Bétyle de Cybèle
incarnait aussi la nature sauvage, symbolisée également par les lions qui
accompagnent la déesse Mère.
On disait qu'elle pouvait guérir des maladies, mais aussi les envoyer et
qu'elle protégeait son peuple pendant la guerre.
Elle fut connue en Grèce dès le Ve siècle av.
J.-C. et se confondit bientôt avec la mère des dieux Rhéa et
Déméter- Cérès,
« la Terre-Mère », déesse de l'agriculture et des moissons.
Dans la mythologie grecque, on trouve aussi
Despina
« maîtresse » ou « reine » qui est une nymphe, fille de Poséidon et de
Déméter, la terre liée à
l´eau.
Ce nom était aussi utilisé comme épithète pour désigner Aphrodite, Perséphone
et la mère de celle-ci Déméter-Cérès.
[
Chez Aphrodite qui est la déesse
grecque de la germination, ( Flore ) de l'amour, des
plaisirs et de la beauté, on peut distinguer deux conceptions
différentes : celle du plaisir de la chair, plus « terrienne »
en quelque sorte, et celle de l'amour spirituel, pure et chaste dans sa
beauté. Cette dernière correspond mieux, malgré sa semi-nudité à l´image
donnée par le tableau de Fabre. C´est pour cette raison qu´elle ressemble
tant à la Fornarina
de Raphaël..
Le quatrième mois du calendrier grégorien, Avril aurait été nommé ainsi en
son honneur par les Romains. Comme Junon était Juin et Athéna, Mai.
Cybèle est également assimilée à Ops,
déesse sabine de la fertilité liée à la Terre ( Ops donna opulence ).
Mais aussi à Bona Dea soit Bonne Déesse, qui dans la mythologie romaine
antique était la déesse de la fertilité, la chasteté et la santé.
Cette dernière est dans les différentes versions, soit la fille de Faunus,
soit sa femme.
Se résistant à l´inceste elle sera fouettée par son
géniteur ou son mari la battra si durement qu´elle en mourra puis pris de
remords il la rendra immortelle.
Elle est connue aussi comme Maia et Fauna. ( qui donna le mot faune )
Bizarrement elle était la déesse protégeant les femmes et leur fertilité.
Par extension, elle s'occupait de la fertilité des champs, elle était donc
confondue avec Junon, Ops, Cérès, etc.
Son nom d'origine aurait été Damia, une déesse de la fécondité, liée à
Déméter.
Dans la mythologie grecque, Damia est
une divinité de la fertilité associée à Auxesia, la croissance.
Toutes deux furent lapidées. Leurs statues en bois d´olivier, arbre d´Athéna,
combattaient la sécheresse.
Notre Dame sculptée en bois est liée à celui-ci.
Mais avant le bois il y eut la pierre…
Cybèle était l'objet d'un culte orgiastique, avec mutilation rituelles, qui s'est répandu d'Asie Mineure jusqu'à
Rome,
où elle est officiellement accueillie sous sa forme de « Pierre
Noire ».
Comme noires et lithiques furent nos premières NOTRE DAME remises en valeur par le fameux saint
Bernard de Clairvaux, créateur des Templiers.
Liée à la terre on la retrouvait dans le sous-sol , les troncs d´arbres et
dans les grottes et mines.
Ces déesses avec leurs différents noms, leurs souffrances, leurs morts et la
bienveillance effectuée sur les hommes,
ne vous rappellent-elles pas nos saintes martyres ?
Girolamo di Benvenuto
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Voyez les trois déesses ressemblent ici à MARIE MADELEINE avec son pot
de baume, tenu devant le plexus solaire de sainte Catherine,
la sage qui à son tour tient un livre
signalant son cou…chakra du Verbe
( Nous avons toujours souligné le parallèle
existant dans l´art de la peinture entre ses
deux saintes)
La Belle Venus serait la Vierge Marie dans une version aussi courageuse pour son époque, comme
scandaleuse encore de nos jours
pour ceux qui ne comprennent pas la continuité, l´origine commune et la
symbolique de la religion en général.
Remarquons que toutes trois signalent l´Egypte : Catherine d´Alexandrie,
Madeleine l´égyptienne, et Venus qui transporta Hélène dans ce pays.
Venus est associée à la vierge Marie et toutes deux à ISIS, l´egyptienne.
Ici cette triade représente les trois âges de la Femme, comme nous avons vu
avec Junon, et le tableau de Pâris plus haut.
Cette triade rappelle aussi les trois Marie ou « aimées » qui chez
Fabre sont devant le Tombeau…mais de qui ?
«Elles étaient trois qui marchaient toujours avec le
Maître
Marie, sa mère, la sœur de sa mère, et Marie de Magdala
qui est comme sa compagne
car Marie est pour lui, une sœur, une mère, et une épouse.»
Evangile apocryphe
selon Philippe
La sœur de la
Vierge Marie est Salomé, de "shalom", paix ou prospérité.
Notez cette triade « une sœur,
une mère, et une épouse » représentée par Madeleine, dans la
triade constituée par les femmes, construite avec le même schéma !
Juan de Juanes sur L´Immaculée représente la liturgie adressée à Notre Dame
Porte du Ciel, Tour, Fontaine, Puits de Sagesse, Cèdre du Liban, lys et/ou rose car ces fleurs sont désignées en
Hébreux par le même mot, etc.…
Si la Grande Mère dans l´antiquité avait plusieurs noms, la Vierge Marie
aussi, selon qu´on veuille souligner un endroit, Montserrat, Guadalupe, des
Neiges, des Champs, de l´Olivier, des Pins, etc.
ou exalter une de ses facettes ou qualités : Vierge des Désemparés, Purification, Douloureuse, Miraculeuse,
Piété, Mère de Dieu, Vierge, Grâce ou Immaculée Conception, etc.
Ce dernier rapporte à son diminutif
CONCHA, coquillage et donc à la PERLE ( voir la Fornarina )
LA GRANDE DEESSE MERE
ET LES ELEMENTS
On pourrait faire remonter les cultes de la Déesse mère
jusqu'aux tréfonds du Néolithique et probablement du Paléolithique, si l'on
interprète ainsi ces statuettes féminines qui se répandirent dans toute l'Europe entre 30 000
et 20 000 ans.
La Mère des dieux se présente comme la divinité suprême d'une
religion naturaliste, où elle était regardée comme le principe de toute vie.
Elle n'est pas seulement la mère des dieux, mais aussi des humains et des
animaux, qu´elle les nourrissait et guérissait de la maladie.
La soumission du roi de la faune symbolise la domination que la déesse exerce
sur la nature entière.
Sa domination est aussi complète sur le monde végétal : le labourage, la viticulture lui sont
attribués.
On lui consacre les arbres verts, du pin au sapin, symbole d'éternelle
jeunesse.
Le mythe d'Attis développe ce côté de la physionomie de la Mère
des dieux, comme on verra plus loin.
Celle-ci est en rapports directs avec l'élément humide qui féconde la
terre; on l'unit au fleuve Sangarius ( fleuve national phrygien ou habitaient
les Gallo-grecs ).
A Massyas, sur la côte de la Mysie,
elle devient même déesse de la mer.( Venus )
Les montagnes et les forêts sont les domaines préférés de Cybèle; là se multiplient
ses sanctuaires; elle y erre avec ses Corybantes, serviteurs mystiques de son
culte orgiaque analogue à celui de Dionysos. L'Ida, en particulier, est le théâtre de
leurs courses, de leurs danses
aux sons d'une affolante musique.
Souvent la Mère des
dieux est considérée spécialement comme déesse de la Terre.
On lui érige des temples auprès des fissures d'où s'échappent des gaz.
Elle habite volontiers les grottes.
EN PHRYGIE BEAUCOUP DE
CHAMBRES SOUTERRAINES LUI SONT CONSACREES.
LES TRESORS DE LA TERRE, LES MINES LUI APPARTIENNENT; LES DACTYLES,
INVENTEURS DU FER, SONT SES SERVITEURS.
Les premières monnaies
auraient été frappées par les prêtres de la Mère des dieux, les GALLOS.
Elle fonde et protège les villes, comme le fait Athéna.
Déesse de la fécondité, elle correspond à l'Aphrodite et à la Déméter –
Cérès et on l´assimile alors Attis à Adonis.
Elle n'était pas divinité lunaire, chez les Phrygiens qui
considèrent la Lune comme un dieu
masculin, nommé Men, mais
si chez les grecs.
Le côté céleste astral est peu développé dans un premier temps dans ce
culte. Mais après nous avons les
constellations de Virgo, du Cygne etc..
La Mère est encore identifiée avec la Némésis hellénique, puissance qui règle
la destinée humaine;
On pourrait aussi la diviser en triade lunaire et parler de Parques.
Les représentations figurées de la Mère des dieux sont
nombreuses.
Nous avons vu la pierre noire de Pessinonte, bétyle informe qui demeura son
symbole le plus vénéré.
Plus tard, les statues se multiplient; tantôt la déesse est assise, avec un
lion ou une panthère de chaque côté de son trône ou sur ses genoux ou tirant
son char.
Le type courant figure une belle femme assise, complètement drapée, la
COURONNE murale sur la tête, drapée d'un voile.
C´est bien ainsi que l´on l´aperçoit sur le tombeau prés duquel
est assis Pâris sur le tableau de Fabre.
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Anonyme
Entre le Soleil et la Lune Marie, la Mère Terre qui fait ou défait des nœuds
comme la triade des Parques
En haut l´Esprit saint sous forme de colombe, animal de Venus.
Au bas Tobie et son archange « Dieu Guérit »
ENTRE LA SOLEIL ET LA LUNE… AGDISTIS, L´ANDROGYNE ET ATTIS, L´ EMASCULE
« ... au point de départ, le mâle est un rejeton du soleil, la
femelle est un rejeton de la terre,
et le genre qui participait de l'un et de l'autre un rejeton
de la lune,
car la lune participe
des deux. »
Le Banquet de Platon discours d'Aristophane
sur Eros.
La lune du Tarot semble incluse dans le
Soleil et tous deux ensembles féconder la Terre humide, les chiens
représentent la dualité.
18 = 1 + 8 = 9, le numéro que Dante
associait à sa Béatrice.
Le Soleil = 19 = 1 + 9 = 10 = 1, l´Unité
Ces deux arcanes annoncent
l´Hermaphrodite du Monde, le 21 = 3, la trinité !
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Des mythes du culte de la grande déesse, les principaux sont ceux
d'Agdistis ( Cybèle )et d'Attis, dont la version officielle élaborée à
Pessinonte,
nous a été transmise, par Arnobe et
Pausanias.
( voir un résumé du mythe de
Cybèle et Attis à propos d´Hélios et
Phaéton avec Saturne et les quatre saisons de Nicolas Poussin
Ici nous allons analyser surtout la symbolique )
Agdistis, issue de la terre mère universelle, est androgyne et
plus précisément hermaphrodite, réunissant toutes les forces fécondantes des
deux sexes.
La version olympienne raconte :
Cet être serait né d'une pierre fécondée par Zeus.
Il devint tellement insupportable aux dieux qu'ils résolurent de le dompter
en lui ôtant le sexe masculin.
Enivré par le vin que Dionysos avait répandu dans la source où
il venait boire, Agdistis s'était endormi. Pendant qu'il dormait, Dionysos
lui lia les parties génitales à des cordons qu'il attacha d'autre part au
pied d´Agdistis, qui en s'éveillant, se leva brusquement et les cordons
coupants le firent eunuque; du sol rougi de sang jaillit un amandier qui
portait des fruits.
Dans les versions plus anciennes l´arbre est un grenadier, fruit de
Junon-Hèra et des Enfers donc de Pluton et Persephone.
Une amande cueillie par Nanâ ( autre
nom de la déesse Cybèle ) fille du Sangarios, la rend grosse d'Attis.
Attis devenu grand est aimé d'Agdistis ; mais il aime aussi
ailleurs ; et pendant qu'on célèbre ses noces avec la fille du roi de
Pessinonte,
Agdistis apparaît subitement au lieu du festin, et toute l'assistance est
prise de folie ; le père de la fiancée s'ampute les parties viriles.
Attis s´émasculera sous un pin est en mourra. Sa Mère et amante le
transformera en pin pour éviter sa mort .
Girolamo di
Benvenuto, Le Choix d´Hercules à la
Croisée des Chemins
qui rappellent l´Arcane 6 de l´Amoureux, carte qui signifie un choix.
Ici ce choix que doit effectuer Hercule,
porte entre le Haut, escalier gardé par des lions ou le Bas, c´est à dire le
plaisir charnel.
Au sommet de cette peinture Dieu avec trois tiges de blé
à la main signale aussi le céleste et le terrien.. Voie sèche et humide.
Ce choix doit se faire par le cœur, remarquez que son doigt central, le dit
majeur, celui qui prend le nom de « dedo corazón », soit doigt du cœur est plié.
Nous connaissons le choix fait par Hercule qui figure aux cieux.
Ce thème fut repris par Nicolas Poussin bien après
Dionysos et Déméter / Cérès par Poussin.
Ainsi se fait le passage de la vie animale à la vie végétale, dont Attis
symbolise les diverses phases.
La Mère s´autoféconde ( parthénogénèse ) soit avec une grenade ( cf :
Perséphone) soit avec une amande qui ressemble à une coquille !
ATTIS ETANT NÉ SANS PERE, SA MERE
DEMEURE VIERGE;
c'est le point de départ de ce type légendaire de la mère
vierge, concevant sans intervention du mâle.
Comme le fit Héra-Junon avec Héphaïstos- Vulcain, pour se venger de la
naissance d´Athéna.
Chez certaines espèces d´animaux d´ailleurs la parthénogénèse
est chose courante, comme chez les abeilles
On peut alors remarquer et mieux comprendre d´où vient le fait
que la Vierge, Mère de Dieu fut fécondée par Dieu
Puisque la Mère des Dieux fut fécondée sous forme de pierre par son fils Zeus
puis autofécondée par le fruit de l´arbre qui poussa de son sexe mâle.
Mais c´est naturel puisque l´on parle de Nature, de fécondité de la terre,
qui s´auto-régénère.
Vierge de Montserrat, l´Enfant tient une POMME de PIN tandis que la Mère
porte une Grenade.
Quand Agdistis s'éprend du bel Attis,
cela signifie que la Terre aime la végétation florale issue de son sein.
Attis résiste, se mutile et meurt, symbolisant la mort
apparente de la végétation durant l'hiver;
en effet, la disparition d'Attis n'est qu'apparente, il
continue de vivre dans le pin, toujours verdoyant.
D´ailleurs ce sont ses mystères qui sont à l´origine du sapin décoré de Noël
( Noël : littéralement « Dieu est avec nous » ).
Ces
mythes, d'un symbolisme assez transparent, mais d'une imagination compliquée,
se réfèrent à la religion d'un peuple essentiellement agricole et pastoral.
Ils furent plus ou moins amalgamés dans le monde grec avec ceux
de Dionysos et Déméter-Cères.
D'autre part, ils ont bien des traits communs avec ceux de la déesse
naturaliste des Sémites.
Le culte de Rhéa et celui de Cybèle ont persisté côte à côte et sans
relations en Arcadie
Apparition mariale sur un pin, d´ou jaillit une source.
La Vierge de Montserrat liée au lierre, au pin et à l´eau ici, symboles
d´immortalité.
Pin, lierre et grenadier sont les arbres de Dyonisius
Dionysos est en effet avec Déméter et plus encore que celle-ci,
la seule divinité hellénique autour de laquelle on ait tenté de constituer
une religion complète.
Sinon exclusive, du moins absorbant et subordonnant les autres personnages
divins, une religion avec son culte, ses prêtres, ses mythes, sa philosophie
mystique.
Quand on passe de l'Olympe homérique au culte dionysiaque, on est à moitié
chemin du christianisme.
Hayez , Venus (avec bracelet comme la Fornarina de Raphaël et
les pieds dans l´eau ) jouant avec deux colombes
Kauffmann, Venus et Adonis ( avec
deux colombes )
Les déesses mères très unies aux quatre éléments, mais surtout
à l´eau, sont des protectrices.
Les prototypes masculins chtoniens d´origine phrygienne, envahirent le monde
gréco-romain,
Ils donneront lieu plus tard au culte
chrétien de Jésus, « Dieu Sauve ». Ils sont très sanglants comme nous
allons voir par la suite.
Leurs sacrifices sont liés aux
Bétyles et donc comme indique Boudet aux menhirs.
SUITE : LES DIEUX
SAUVEURS ET CELUI QUI GIT DANS LE TOMBEAU A IDA
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