COMPLEMENTS D´ETUDE
 
Rubens Venus à son miroir
LA RONDE DES RELIGIONS

COMPLEMENTS D´ETUDES DE LA PAGE  ET BIEN D´AUTRES
 « 
LA TRES BELLE ET HONNETE FILLE DE L'EMPEREUR DE L'UNIVERS, QUE PYTHAGORE NOMMA PHILOSOPHIE » ( Dante )
( EN RELATION AVEC LA DAME DES BERGERS DE POUSSIN )




I - LA FORNARINA, L´ODALISQUE ET LA DAME DES BERGERS DE POUSSIN


II - LES BERGERS D´ARCADIE… ou  PÂRIS, TROIS DAMES ET … UN TOMBEAU

III - LES GRANDES DEESSES MERES, DES CALQUES POUR NOS SAINTES

IV - LES DIEUX SAUVEURS ET CELUI QUI GIT DANS LE TOMBEAU A IDA

V - SOL INVICTUS ET LE CERCLE ZODIACAL DE BOUDET

A- MITHRA ET LE CERCLE ZODIACAL


B- SOL INVICTUS

VI- RETOUR AU BETYLE, EL GABAL


VII- BETHEL, MENHIRS, CROMLECHS et ALCOR


VIII- LE TAUREAU SOLAIRE

IX- L´ERE DU BELIER ET LES RELIGIONS DU LIVRE

X- L´ESPRIT, TROIS DEESSES…TROIS SŒURS, MERES DE DIEU…TROIS MARIE… MADELEINE, UN BŒUF ET UN ANE

XI- LA PYRAMIDE DE NICOLAS POUSSIN ET LE CHRIST D´ARCADIE

XII- LES BERGERS d´ARCADIE et le PENTAGRAMME

XIII- LA GRANDE OURSE ET LES BERGERS D´ARCADIE

 
XIV-  LA CLEF VELAZQUEZ ou LA PERLE DE LA COURONNE


 



XI-
LA PYRAMIDE DE NICOLAS POUSSIN ET LE CHRIST D´ARCADIE


Nous venons de parler de mégalithes comme horloges solaires, cadrans cosmiques ou zodiacales, proches ou incluant des tombeaux,

nous ne pouvons une fois de plus que nous souvenir de l´Egypte.

 La pyramide, au singulier, est un thème qui revient dans l´œuvre de Nicolas Poussin, (
voir liste de tableaux )
Est-ce une référence à celles d´Egypte, comme on pourrait penser au premier abord ?

Ou une question à la
mode pour initiés de son temps ?
Sur le frontispice du livre de Fulcanelli, le sphinx renvoie à la maxime :
VOULOIR- SAVOIR- OSER- SE TAIRE,
d´ailleurs c´est bien là la conclusion que cet auteur fait à la fin du livre.

Voir les sphinx dans l´œuvre de Nicolas Poussin liés à son sceau  


Frontispice du Mystère des Cathédrales de Fulcanelli avec Sphinx et Pyramide


MOISE SAUVE DES EAUX PAR NICOLAS POUSSIN



Moise abandonné aux eaux par Poussin 

Le sphinx est là pour souligner le secret comme indique la jeune fille par son doigt sur les lèvres.
Le château n´a rien d´égyptien !
Passons à la pyramide



Moïse sauvé des eaux par Poussin 

 Remarquons le reflet de la pyramide dans l´eau, malgré son éloignement , il inclut la silhouette de l´homme drapé de blanc qui ressemble à une cadavre mis dans son linceul, puis la barque proche qui rappelle celle du Caronte grec, associé au dernier voyage des morts.
Sur la rive opposée les personnages sont pleins de vie.

Est-ce notre imagination qui nous joue des tours ?


LE MONDE PAR LA PYRAMIDE EN EGYPTE


Les égyptiens considéraient qu'après le décès, l'âme du défunt pouvait renaître et accéder au « royaume des morts » et au repos éternel.

 On pensait déjà que le corps se divisait en plusieurs entités dont le djet, qui correspond au corps, et le ka à l´âme
Pour que le défunt puisse accéder au royaume de l'au-delà par l'intermédiaire de son ka, l'embaumement du djet est nécessaire.
 En effet, si le corps n'est pas embaumé, le djet devient le khat après la mort et ne peut accéder au repos éternel.
 
Le rite de l'embaumement fut créé par Isis lorsqu'elle embauma son époux Osiris afin de lui redonner vie.
Ce rite symbolise donc la renaissance du défunt et l'accès au « royaume des morts » et au repos éternel.
Les statues et offrandes présentes aux côtés du défunt dans son sarcophage permettent de l'accompagner dans son chemin vers le
jugement de l'âme.

La bonne âme pesait peu, ce qui est contraire aux premiers Jugements Derniers qui décorent les portes de nos cathédrales,
Maître Weyden influencé par le Duc changea cette erreur de copiage, puisqu´il s´agit bien de cela,
le Démon est au Vézelay représenté en crocodile comme en Egypte.

Ce chemin vers l'au-delà est pris en compte dans l'architecture des pyramides.
Au sein des pyramides, les couloirs s'élèvent vers les sommets du monument et le ciel qui décore la chambre funéraire,
semblent être des passages permettant à l'âme de s'élever et d'atteindre le « royaume des morts »
.


LES PYRAMIDES ET LES DOUZE PORTES DE LA NUIT



Le mythe décrit le combat que mène Rê ou Râ chaque nuit contre les « forces du chaos » représenté par le serpent Apophis
 afin de permettre la réapparition du soleil chaque matin sur le « monde d'en haut ».

Rê étant considéré comme le dieu du soleil, entre autres, lorsque le soleil disparaissait chaque soir à l'horizon,
ce dieu changeait de moyen de transport pour adopter une
barque sacrée et traverser le Nil souterrain.
Au cours de ce périple, Rê traversait les douze portes correspondant aux douze heures de la nuit (de 5h du soir à 5h du matin) dans le monde souterrain, la douat
(
  lieu de séjour de Rê pendant les heures nocturnes et par analogie, il s'agit de la salle d´attente des défunts, en espérant être ressuscités en même temps que le Soleil.
Il s'agit d'un monde d'épreuves, divisé en douze heures comme les douze épreuves d´Hercule avant de monter aux cieux ),
et devait déjouer les pièges des forces du chaos tentant de renverser à tous moments la barque du dieu du soleil.

Rê est aidé en cela par le dieu Seth qui, se tenant à la proue de la barque solaire, lance ses traits sur Apophis.
Ce périple avait pour but la renaissance du dieu Rê chaque matin ramenant ainsi la lumière aux habitants du « monde d'en haut ».
Cette renaissance de Rê, représentée par le lever du soleil, était considérée également comme la renaissance du monde
 et le signe que le dieu Rê avait triomphé des forces du chaos durant son périple.

On retrouve également la notion des douze portes au sein des pyramides d'Égypte
car le couloir menant au sarcophage est constitué de douze encadrements de porte, correspondant à chacune des heures de la nuit.
Regardez le second tableau de Poussin devinez combien d´yeux a ce viaduc... 

Ce combat entre le dieu Rê et Apophis, chaque nuit, dès le coucher du soleil, et conduisant à un nouveau lever de soleil, chaque matin,
constitue donc le mythe du cycle du jour dans la mythologie égyptienne.

Quand la mère abandonne son fils Poussin peint un ciel bien blanc, c´est aube, « el alba » en castillan, alba = blanche.
Pour le second tableau celui des trouvailles, le soleil n´a pas encore fait son apparition, le ciel est d´un nuageux obscure sur la pyramide.

D´autre part nous avons constaté la
croyance de Poussin dans la renaissance post-mortem


« VEO, VEO….QUE VES ? »

 


La scène peinte par Poussin ne rappelle en aucun cas l´Egypte ailleurs que par ce monument, mais plutôt le monde hellénique,

alors que la vie de Moise commença sur les bords du Nil.
 
 Voir : Moise/Seth et Moise vu par Poussin, au-delà de la Bible


Comparons son tableau avec celui de Nicolo dell´ Abbate daté entre 1509-1512



La fille du pharaon que le Midrash  nomme Bithiah, littéralement Fille de Dieu
à cause de la compassion et la pitié dont elle a fait preuve lors du sauvetage de Moïse,  ressemble bien plus à la
Fornarina de Raphael c´est à dire à Venus,
d´ailleurs elle marque avec sa main gauche le signe de l´hermaphrodite.

Ici le paysage est conforme à celui que l´artiste était habitué à voir … Est-ce le cas pour Poussin ?

 Rien, dans le tableau de Poussin, ni les lieux, ni les costumes des personnages, ne renvoie à l'Égypte :
la pyramide contribue seulement à l'identification du sujet du tableau ; placée à l'arrière plan et semblant émerger de rochers peints dans les mêmes teintes,
elle contribue, comme le pont, à l'harmonie et à l'équilibre de la composition.

 

D´ailleurs sur le Poussin s´agit-il d´un pont ou d´un viaduc ?Je pencherai pour le second…

Poussin habitait Rome, les obélisques décoraient déjà la ville à son époque, il est donc normal que l´artiste les ait inclus dans son œuvre,

Mais la pyramide ? Il y a-t-il une pyramide à Rome ? et bien oui celle de Cestius


Goethe Zeichnungen , la pyramide de Cestius


Pyramide de Cestius, celle du tableau de Poussin et la fameuse Khéops


AUTRES PAYSAGISTES ET LA PYRAMIDE ROMAINE


H . Robert, Fontaine de Minerve à Rome, 1733

                            

 

 Giovanni Paolo Pannini

      

 

Pannini,1740, Ruines et Pyramide de Cestius

    

Pannini

 

  

 Jean-Nicolas Servandoni (1695-1766) Pyramide face à un tombeau
Pannini, Alexandre le Grand et le tombeau d´Achille ( au pied de la pyramide )
Hubert Robert, Alexandre le Grand et le tombeau d´Achille ( au pied de la pyramide )




            


Giovanni Battista Piranesi, Pyramide de CESTIUS à Rome




       


Paolo Barbazza   et  Reber

 

 

LA PYRAMIDE DE CESTIUS

La Pyramide de Cestius porte le nom de celui qui s'y est fait inhumer : Caïus Cestius.
Ce monument funéraire de l'Antiquité est situé près de la porta San Paolo à Rome.

Au Moyen Âge, cette pyramide passait pour être le tombeau de Rémus, frère de Romulus ( voir
Quirinus), fondateur mythique de la cité.

Elle fut construite en réalité en 12 av. J.-C. et mesure 36,4 mètres de haut pour une base de 29,5 mètres de large.
Le style égyptien de la pyramide marque directement l'influence de la présence récente (30 av. J.-C.) de l'empire romain sur les terres des pharaons.
La chambre sépulcrale porte encore des traces de peinture tandis que l'ouverture de la pyramide a été faite dans une période plus récente.

On trouve sur la pyramide romaine deux inscriptions :

C. Cestius L.F. Pob. Epulo pr. tr.pl. VII vir epulonum

Opus apsolutum ex testamento diebus CCCXXX arbitratu L. Ponti P.F. Cla. Melae heredis et Pothi L.

Ce qui signifie :

Caius Cestius Epulo, fils de Lucius, de la tribu Publilia, préteur, tribun du peuple, et membre du collège des septemviri epulones
 monument fut érigé en 330 jours sous la surveillance de L. Pontius Méla, fils de Publius, et de l'affranchi Pothus.

Caius Cestius Epulo  fut magistrat et membre d'une des quatre grandes sociétés religieuses à Rome .
Celles-ci pourraient fonctionner comme des guildes, des clubs sociaux, ou des sociétés funéraires; en pratique durant la Rome antique.

Caius Cestius Epulo  appartenu au  Septemviri Epulonum
L'Epulons, composé de sept membres, arrangeait les banquets publics aux festivals et des jeux,
 devoirs qui avaient à l'origine appartenu aux pontifes romains.
Il était donc  chargé de veiller aux grands festins sacrés.

La patène était le BOL SACRE, un grasal  utilisé par le septemviri epulonum.
C'était un plat peu profond dessiné pour tenir dans la paume avec un centre relevé, pour y caser le pouce afin de ne pas profaner la libation versée.
Ce BOL SACRE était l'emblème spécial de l'Epulons.
La patène utilisée aujourd'hui par des prêtres Catholiques, omet le relief du centre.



Epulons tenant la patène

Avant et après la messe, la patène est posée sur le calice,
 si bien que patène et calice, désignés tous deux comme vases sacrés, sont généralement fabriqués par un même artisan.
Avant leur première utilisation, les vases sacrés sont consacrés avec le Saint chrême.

 

Au IIIe siècle, la pyramide de Cestius fut incluse dans le mur d'Aurélien.
Le tracé
du mur d´Aurélien s’appuya sur un certain nombre de monuments existants, tels que la caserne de la garde prétorienne,

un petit amphithéâtre, des tombeaux dont la pyramide de Cestius, les arches des aqueducs sur l’Esquilin, les substructions des jardins en terrasses sur le Pincio.


Porta de Filarete ( Ami de la Vertu ) à San Pietro de  Rome
La pyramide de Cestius, prés de la rivière, est au bas à gauche, la tour de Filarete en face d´elle
en haut une autre forme pyramidale, formée par saint Pierre crucifié.

Donc même s´il ne s´agit pas de celles d´Egypte, le message funéraire se maintient avec celle de Rome que Poussin aimait à représenter.

 

LA PYRAMIDE DES BERGERS D´ARCADIE



A Shugborough Hall, la copie est non seulement inversée, mais le tombeau est tout autre.
Il présente aussi une forme pyramidale accentuée par le manteau du berger.
Le nuage prend les allures d´une tornade avec épicentre au sommet de la dite pyramide


DE TOMBEAUX ET DE PYRAMIDES CHEZ POUSSIN ou LES BIZARRERIES DANS LES LAMENTATIONS


Poussin peignait ce qu´il voyait  avec la liberté de placer les monuments à son bon plaisir comme firent les autres artistes.
La composition de son tableau Lamentation sur le Corps du Christ  présente deux pyramides types Cestius dans un lointain horizon.
Est-ce voulu ou cela répond-t-il à un simple caprice artistique ?

Ce n´est pas la seule bizarrerie dans ce tableau…
On ne sait pas s´il y a un pont ou le cour d´eau semble en dessiner un. Poussin n´était ni impressionniste, ni abstrait
Sur l´eau il y a une figure rouge qui ressemble à un poisson ou à une vierge drapée en terre cuite. (
voir haute résolution )
S´il s´agit bien d´eau…

Il y a deux tombeaux ouverts : un plus blanc sur lequel c´est assisse Madeleine et que semble préparer la figure masculine
et l´autre d´où sortent des draps avec son couvercle posé dessus. Bizarre…

Ce dernier ressemble, par sa forme, à celui des BERGERS d´ARCADIE

On a plutôt l´impression que les personnages déménagent le corps qu´ils ont sorti du tombeau plus ancien entrainant le linceul et la cape rouge
Ou ont-ils posé là leurs manteaux puis le couvercle du tombeau blanc?
C´est plus orthodoxe, n´est-ce pas ?

Mais il y a un autre caprice artistique qui rappelle plutôt Dali dans son dessin. Ce sont les deux pieds de Marie qui semblent au premier abord deux roches
en forme d´indexe pointant vers le cercueil plus ancien.
Cette pose pour cette piéta n´est pas trop gracieuse.



Le vase de Baume est une jarre comme celle des Lamentations de Venus sur le corps d´Adonis de Poussin, avec également deux angelots



Remarquons l´absence de Jean, comme dans la peinture suivante celle de Madeleine
Il y a une chouette, ailes ouvertes, à droite de la croix.

 


 
POUSSIN L´IMPRESSIONNISTE ?


En faisant un scan en haut résolution ( x600 ) des Bergers d´ARCADIE
du Livre des Beaux Arts, préfacé par Pierre Rosenberg, de l´exposition de 1994 qui eut lieu au Grand Palais
J´ai vu ce qui ressemble au visage d´un Christ regardant la scène pastorale

                                       




Pur hasard ? A vous d´en juger ?
Poussin ne dissimulait-il pas un petit poussin sur ses toiles à mode de signature cachée ?


N´oublions pas que les religions font la ronde et que leur symbolisme, matriarcal ou patriarcal reste le même :  L´Univers mène la ronde.

L´œuvre de Poussin semble essentiellement mythologique, sans doute dû au succès de ses BERGERS d´ARCADIE.

Une question de mode me direz-vous ? oui, sans doute aussi, mais une demande religieuse, chrétienne coexistait également,
or chez poussin cela semble se traduire par un nombre assez restreint de tableaux. Ou peut être pas !

 Disons plutôt qu´il ne représenta que très peu de scènes de la Passion.

Quand Poussin peint un thème catholique, il le fait toujours de façon particulière.

Cet artiste est l´un des héritiers d´un savoir ancestral, comme le fut le symbolisme chrétien des religions qui le précédèrent appelées de nos jours mythes.

Si l´ombre de la mort plane sur l´Arcadie, elle le fit aussi sur les mythes qui ne sont que les religions antiques,
sur lesquelles prendront racines les nouvelles, car la mort n´est que transformation.




SUITE : LES BERGERS d´ARCADIE et le PENTAGRAMME