LES BERGERS D´ARKHO
ou
LES MONOGRAMMES : CHRISME et IHS

CINQIEME PARTIE : LA CROIX VISIGOTHE, DE VICTOIRE OU DES ANGES

L´Essence de Dieu est semblable à une Roue…
Plus on la contemple, plus on comprend sa forme
et plus on la comprend, plus on y trouve de bonheur..


J. Boehme

 

La Croix de la Victoire



                            

HOC SIGNO TVETVR PIVS -  HOC SIGNO VINCITVR INIMICVS

Ce signe  protége l´homme - Ce signe vainc l´ennemi

Don Pélage montrant la croix dite de Victoire, image suivante

[]


Je propose un petit détour par les Asturies, qui peut être parlant pour les chercheurs de Rennes-Le-Château, malgré l´apparent éloignement géographique.

Pélage ( vers 699-737 ) était un noble wisigoth, fils de Favila, Dux d´Astur et petit fils du roi Recenvinto. Le roi Witiza  tua le père de Pélage par jalousie sentimentale,  puisqu´il était très amoureux de Luz, la mère de notre  héros.

Ouvrons une parenthèse pour situer le moment historique dans l´ensemble et surtout du côté du futur Languedoc :


Ce roi Witiza fut le père d´AGILA II ( 681 – 716 ) ( Aquila, Achila o Akhila ou Waqila, pour les arabes qui hérita la NARBONNAISE, ou Septimanie, le territoire de Tarragone et  celui de Gérone ). Cet Agila du nord était en conflit avec le roi Rodrigue qui régnait à Tolède. Afin d´en venir à bout son oncle et évêque Oppas appela les maures du nord de l´Afrique pour combattre Rodrigue. Ce qui provoqua l´invasion en 711 ! qui durera 700 ans !

En 712 Argila et sa famille voyagent à Tolède pour traiter avec le maure Musa qui l´envoya à son supérieur, le Calife à Damase.  Agila partit donc avec sa suite en orient abandonnant ainsi  le trône. La noblesse wisigothe de Septimanie élut donc un nouveau roi,  ARDON ( 714-720 ) qui s´installa à Narbonne. Serait-ce notre rejeton ardent ? En 714, selon la légende Sigebert IV,  fils de Dagobert et de Gisèle, fille du comte de Rédhae,  Béra II , aurait 37 ans.

Ardon décide de lutter contre les musulmans et restaurer le règne wisigoth d´orient sur les ciments laissés par l´usurpateur Paulus. Ce dernier fut durement puni par le roi Wamba qui le fit défiler à travers Tolède COURONNE D´UNE ARRETE DE POISSON !



Mais la reconquête avait commençait quelques années avant en Asturies, revenons à notre Pélage. Après la mort de son père il fuit en Asturies chez des parents, mais ne se sentant pas plus sûr il partit en pèlerin à Jérusalem.

Après la mort de son roi et ennemi, Rodrigue succéda à Witiza, ce qui provoqua le retour du héros. Avec Rodrigue il lutta à la bataille de
Guadalete qui  marque la fin de l´état wisigoth en Hispanie. Comme pour Alésia on ne sait trop où placer Gadalete.


Après la défaite Pélage part à Tolède de 711 à 714. La capitale est prise par les musulmans et alors que les habitants partent pour la France, Pelage s´en retourne aux Asturies emportant avec lui LE TRESOR  WISIGOTH !

Ce ne sera qu´a la bataille de
Covadonga 722 qu´il s´en sortira vainqueur. Ce porteur de la croix chrétienne fut nommé Caudillo, chef au même titre que Vercingétorix pour les gaulois. 

La croix dite de la Victoire qui accompagna Pelage et son inscription, aujourd´hui présente sur le drapeau d´Asturies, sont omniprésentes sur le terrain.


  

 

Inscription de la fontaine d´invocation,  Foncalata

Pont de Cangas de Onis avec croix de Victoire et A et W

Détail de Foncalata

 


Selon la légende ce fut  la croix,  portée par Pélage durant la victoire de Covadonga,  le cohésive définitif des Astures, regroupés enfin par un idéal religieux plus que politique, qui réussira  l´unité  socioculturelle et facilitera ainsi la gouvernabilité. 

C
ette croix passa de roi en roi durant la reconquête, sous sa forme original en bois de chêne. C´était un symbole royal divin de la légitimation du monarque asturien.  Alphonse III, Magno la fit recouvrir d´or et de pierres précieuses et la garda dans l´église de Santa Cruz de Cangas de Onís, ( capitale du reine de Pélage ) d´abord puis dans la cathédrale de Saint Salvador d´Oviedo. Elle devient un reliquaire de la Vera Cruz, non pas celle « retrouvée » par sainte Héléne, mère de Constantin, mais de celle qu´utilisa Pélage comme étendard, signe pour la bataille.

On y lit Susceptum placide maneat hoc in honore domini quod offerunt famuli XPI adefonsus princes et scemena regina =Quisquis auferre hoc donaria nostra presumserit fulmine divino intereat ipse =hoc opus perfectum et concessum est santo salvatori ovetense sedis =HOC SIGNO TUETUR PIUS=HOC SIGNO VINCITUR INIMICUS =et operatum est in castello gauzon anno regni nostri xlii discurrente era DCCCXLVI.

Beato de Valcavado de 970


Reste cette enceinte bonnement en honneur de Dieu, laquelle offrent le serf de Christ ( XPI ) prince Alphonse et la reine Jimena = Qui que soit celui qui oserait s´emparer de nos dons soit foudroyé par la foudre = Cette œuvre, sitôt achevée fut offerte à l´église du saint Salvador de Oviedo = Ce signe  protége l´homme pieux = Ce signe vainc l´ennemi = et elle fut élaboré au château de  Gonzón l´ans 42 de notre règne au cours de l´ère 946



L’écriture se retrouve sur la croix de Santiago et sur maintes inscriptions postérieures au palais royale, sur la murale de la ville d´Oviedo, sur la Foncalada, à Saint Martin de Salas, sur les tours côté ouest. En Galice et sur plusieurs manuscrits comme l´Antifonario de la cathédrale de Léon daté de 917 ou sur une copie de 1067 tirée de l´ouvre du  Beato de Valcavado de 970 à Valladolid ou celle de San Millan du X. s.

Tout ceci démontre l´importance  de la croix d´Oviedo au moment de la consécration d´un monument, tant religieux comme civil.

Cette croix est liée à l´apparition de la Vierge  dans la grotte de Covadonga.




     

Croix sur la muraille d´Oviedo et grotte de Covadonga


La Croix des Anges


      

Ce fut un don d´Alphonse II, le Chaste à l´église de saint Salvador d´Oviedo, en 808.

Celle-ci se distingue de celle dite de la Victoire par ses bras qui s´élargissent au fur et à mesure qu´ils s´éloignent du centre et  terminent en ligne droite.  Cette croix est de style byzantin.

Elle est attribuée selon la légende à des anges, selon les historiens à des artisans byzantins qui fuirent l´iconoclasme de leur pays. ( la fameuse guerre des images ) Ils furent bien accueillis par le roi Chaste qui se considéré  HERITIER DE LA TRADITION ROMAINE !

L´inscription est pratiquement la même que sur la croix de Victoire.

 

La formule , « humble serf de Christ » est propre de la royauté hispanique depuis le V.s., et fut très employée au cours du VII.s.

Le Chaste aurait copié ce lemme de celui de l´empereur Justinien II qui l´avait fait graver sur sa monnaie. Il faut préciser qu´Alphonse II se considérait comme étant le premier évêque ou patriarche de l´église d´Oviedo s´éloignant ainsi de l´église mozarabe de Tolède.  

Hoc signo tuetur pius = Hoc signo vincitur inimicus
 serait l´écho des paroles attribuées par Lactance à Constantin. Hoc signo victor eris, Par ce signe tu vaincras   et qui apparaissent ainsi Hoc signo vincitur inimicus sur plusieurs gravures du nord de l´Afrique, donc sur les territoires de l´ancien empire byzantin, avant la division qui eut lieu en 395.

Constant II usa cette légende qui tomba dans l´oubli jusqu´à ce que l´usurpateur Vetranus  et Constance Galo la remirent sur leur monnaies : légitimation oblige !

La Croix des Anges conserve le sceau de l´empereur Auguste : le signe de Capricorne sous forme aquatique de Triton tenant le sceptre et la sphère mondiale.  Outre ce sceau nous avons aussi Enée sortant de Troyes, Auguste se faisait appeler le nouveau Enée lui qui couvrit Rome de marbre tandis qu´Alphonse II, encore prince, fonda la ville d´Oviedo, sa future capitale, comme Enée fit Rome, et Auguste  Lugo. Ce fut  sous son règne d´Octave que l´Hispanie fut romanisée.

Tout semble donc indiquer  que les inscriptions des deux croix, celle dite de Victoire et celle des Anges, représentent, plus qu´ une soumission à l´église romaine, une inspiration de la tradition impériale byzantin. Nous devons donc comprendre que la Croix des Anges est le symbole du pouvoir d´Alphonse II, et son don à l´église d´Oviedo à son tour figure le projet de construction d´un empire chrétien, délié de Rome, en compétence avec celui de Charlemagne.

D´ailleurs ce fut sous son règne que la légende du tombeau de Saint Jacques naquit, le roi fut le premier pèlerin de l´apôtre, marquant ainsi la première voie entre Oviedo et le tombeau du frère de saint Jean. Si Rome avait Pierre…son règne possédait Jacques !

Outre ceci Alphonse II possédait déjà une montagne sacrée,  MonSacro, près de sa capitale puisque les reliques sauvées des mains maures y furent toutes enterrées.

Le lemme des Asturies fut repris par les rois portugais, concrètement par Manuel I ( 1495 –1521 ) sous la forme de IN HOC SIGNO VINCES, qui l´employèrent profusément jusqu´à la chute de la monarchie en 1908, se transformant presque exclusivement en marque de la monnaie portugaise, l´ESCUDO ( bouclier ) durant 400 ans. ( première image au bas )

Cet usage semble paradoxale de la part d´une monarchie qui depuis sa fondation au XI.s. toujours déclara sa vassalité et soumission à la papauté. Détruisit-elle ainsi le contenu symbolique original de la légende constantinienne ? Je ne pense pas , il suffit de se pencher légèrement sur l´histoire du pays de Luz pour comprendre ce qui se cache derrière la très fine cape de la version officielle, celle des livres d´école.
 

Pélage reste l'un des héros de l'Espagne et le titre de « Prince des Asturies » est donné à l'héritier de la couronne.

Par ce signe tu vaincras ! Ce cri de guerre est très employé sur les « in-signes » des sociétés dites secrètes. Il est souvent accompagné d´une couronne royale ou impériale. ( voir à ce sujet la page de Christian Attard )

 

                      

           

Thomas Hovenden (1880), In Hoc Signo Vinces


Pour finir avec ce SIGNE je vous propose ce tableau de Thomas Hovenden  ou on voit des paysans bretons s´appétant au combat. Une jeune femme épingle sur l´habit de son mari l´emblème de la FRATERNITE DU SACRE CŒUR, ce qui symbolise la loyauté à la couronne durant la révolution française !

De ce In Hoc Signo Vinces aurait dérivé en IHS….






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