La Croix de la Victoire
HOC SIGNO TVETVR PIVS
- HOC SIGNO VINCITVR INIMICVS
Ce signe protége l´homme - Ce signe vainc l´ennemi
Don Pélage montrant la croix dite de Victoire, image suivante
[]
Je propose un petit détour par les Asturies, qui peut être parlant pour les
chercheurs de Rennes-Le-Château, malgré l´apparent éloignement géographique.
Pélage ( vers 699-737 ) était un noble wisigoth, fils de Favila, Dux d´Astur
et petit fils du roi Recenvinto. Le roi Witiza tua le père de Pélage par jalousie sentimentale, puisqu´il était très amoureux de Luz, la
mère de notre héros.
Ouvrons une parenthèse pour situer le moment historique dans
l´ensemble et surtout du côté du futur Languedoc :
Ce roi Witiza fut le père d´AGILA II ( 681 – 716 ) ( Aquila,
Achila o Akhila ou Waqila, pour les arabes qui hérita la NARBONNAISE, ou Septimanie, le
territoire de Tarragone et celui de
Gérone ). Cet Agila du nord était en conflit avec le roi Rodrigue qui régnait
à Tolède. Afin d´en venir à bout son oncle et évêque Oppas appela les maures
du nord de l´Afrique pour combattre Rodrigue. Ce qui provoqua
l´invasion en 711 ! qui durera 700 ans !
En 712 Argila et sa famille voyagent à
Tolède pour traiter avec le maure Musa qui l´envoya à son supérieur, le
Calife à Damase. Agila partit donc
avec sa suite en orient abandonnant ainsi
le trône. La noblesse wisigothe de Septimanie élut donc un nouveau roi, ARDON ( 714-720 ) qui s´installa à
Narbonne. Serait-ce notre rejeton ardent ? En 714, selon la légende
Sigebert IV, fils de Dagobert et de
Gisèle, fille du comte de Rédhae,
Béra II , aurait 37 ans.
Ardon décide de lutter contre les musulmans et restaurer le règne wisigoth
d´orient sur les ciments laissés par l´usurpateur Paulus. Ce dernier fut
durement puni par le roi Wamba qui le fit défiler à travers Tolède COURONNE
D´UNE ARRETE DE POISSON !
Mais la reconquête avait commençait
quelques années avant en Asturies, revenons à notre Pélage. Après la mort de
son père il fuit en Asturies chez des parents, mais ne se sentant pas plus
sûr il partit en pèlerin à Jérusalem.
Après la mort de son roi et ennemi, Rodrigue succéda à Witiza, ce qui
provoqua le retour du héros. Avec Rodrigue il lutta à la bataille de Guadalete qui marque la fin de
l´état wisigoth en Hispanie. Comme pour Alésia on ne sait trop où placer
Gadalete.
Après la défaite Pélage part à Tolède de 711 à 714. La capitale est prise par
les musulmans et alors que les habitants partent pour la France, Pelage s´en retourne
aux Asturies emportant avec lui LE TRESOR
WISIGOTH !
Ce ne sera qu´a la bataille de Covadonga 722 qu´il s´en sortira
vainqueur. Ce porteur de la croix chrétienne fut nommé Caudillo, chef au même
titre que Vercingétorix pour les gaulois.
La croix dite de la Victoire qui accompagna Pelage et son inscription,
aujourd´hui présente sur le drapeau d´Asturies, sont omniprésentes sur le
terrain.
Inscription de la fontaine d´invocation, Foncalata
Pont de Cangas de Onis avec croix de Victoire et A et W
Détail de Foncalata
Selon la légende ce fut la croix,
portée par Pélage durant la victoire de Covadonga, le cohésive définitif des Astures,
regroupés enfin par un idéal religieux plus que politique, qui réussira l´unité
socioculturelle et facilitera ainsi la gouvernabilité.
Cette croix passa de roi en roi durant la reconquête, sous sa forme
original en bois de chêne. C´était un symbole royal divin de la légitimation
du monarque asturien. Alphonse III,
Magno la fit recouvrir d´or et de pierres précieuses et la garda dans
l´église de Santa Cruz de Cangas de Onís,
( capitale du reine de Pélage ) d´abord puis dans la cathédrale de Saint
Salvador d´Oviedo. Elle devient un reliquaire de la Vera Cruz, non pas celle
« retrouvée » par sainte Héléne, mère de Constantin, mais de celle
qu´utilisa Pélage comme étendard, signe pour la bataille.
On y lit Susceptum placide maneat hoc in honore
domini quod offerunt famuli XPI adefonsus princes et scemena regina =Quisquis auferre hoc donaria nostra
presumserit fulmine divino intereat ipse =hoc opus perfectum et
concessum est santo salvatori ovetense sedis =HOC SIGNO TUETUR PIUS=HOC
SIGNO VINCITUR INIMICUS =et operatum est in castello gauzon anno regni
nostri xlii discurrente era DCCCXLVI.
Beato de Valcavado de 970
Reste cette enceinte bonnement en honneur de
Dieu, laquelle offrent le serf de Christ ( XPI ) prince Alphonse
et la reine Jimena = Qui que soit celui qui oserait s´emparer de nos dons soit
foudroyé par la foudre = Cette œuvre, sitôt achevée fut offerte à l´église du
saint Salvador de Oviedo = Ce signe protége
l´homme pieux = Ce signe vainc l´ennemi = et elle fut élaboré au château
de Gonzón l´ans 42 de notre règne au
cours de l´ère 946
L’écriture se retrouve sur la croix de Santiago et sur maintes inscriptions
postérieures au palais royale, sur la murale de la ville d´Oviedo, sur la
Foncalada, à Saint Martin de Salas, sur les tours côté ouest. En Galice et
sur plusieurs manuscrits comme l´Antifonario de la cathédrale de Léon daté de
917 ou sur une copie de 1067 tirée de l´ouvre du Beato de Valcavado de 970 à Valladolid ou celle de San Millan
du X. s.
Tout ceci démontre l´importance de la
croix d´Oviedo au moment de la consécration d´un monument, tant religieux
comme civil.
Cette croix est liée à l´apparition de la Vierge dans la grotte de Covadonga.
Croix sur la muraille d´Oviedo et grotte de Covadonga
La Croix des
Anges
Ce fut un don d´Alphonse II, le Chaste à
l´église de saint Salvador d´Oviedo, en 808.
Celle-ci se distingue de celle dite de la Victoire par ses bras qui
s´élargissent au fur et à mesure qu´ils s´éloignent du centre et terminent en ligne droite. Cette croix est de style byzantin.
Elle est attribuée selon la légende à
des anges, selon les historiens à des artisans byzantins qui fuirent
l´iconoclasme de leur pays. ( la fameuse guerre des images ) Ils furent bien
accueillis par le roi Chaste qui se considéré HERITIER DE LA TRADITION ROMAINE !
L´inscription est pratiquement la même que sur la croix de Victoire.
La formule , « humble serf de
Christ » est propre de la royauté hispanique depuis le V.s., et fut très
employée au cours du VII.s.
Le Chaste aurait copié ce lemme de celui de
l´empereur Justinien II qui l´avait fait graver sur sa monnaie. Il faut
préciser qu´Alphonse II se considérait comme étant le premier évêque ou
patriarche de l´église d´Oviedo s´éloignant ainsi de l´église mozarabe de
Tolède.
Hoc signo tuetur pius = Hoc signo vincitur inimicus serait l´écho des
paroles attribuées par Lactance à Constantin. Hoc signo victor eris, Par
ce signe tu vaincras et qui
apparaissent ainsi Hoc signo vincitur inimicus sur plusieurs gravures
du nord de l´Afrique, donc sur les territoires de l´ancien empire byzantin,
avant la division qui eut lieu en 395.
Constant II usa cette légende qui tomba
dans l´oubli jusqu´à ce que l´usurpateur Vetranus et Constance Galo la remirent sur leur monnaies :
légitimation oblige !
La Croix des Anges conserve le sceau de
l´empereur Auguste : le signe de Capricorne sous forme aquatique de
Triton tenant le sceptre et la sphère mondiale. Outre ce sceau nous avons aussi Enée sortant de Troyes, Auguste
se faisait appeler le nouveau Enée lui qui couvrit Rome de marbre tandis
qu´Alphonse II, encore prince, fonda la ville d´Oviedo, sa future capitale,
comme Enée fit Rome, et Auguste Lugo.
Ce fut sous son règne d´Octave que
l´Hispanie fut romanisée.
Tout semble donc indiquer que les inscriptions
des deux croix, celle dite de Victoire et celle des Anges, représentent, plus
qu´ une soumission à l´église romaine, une inspiration de la tradition
impériale byzantin. Nous devons donc comprendre que la Croix des Anges est le
symbole du pouvoir d´Alphonse II, et son don à l´église d´Oviedo à son tour
figure le projet de construction d´un empire chrétien, délié de Rome, en
compétence avec celui de Charlemagne.
D´ailleurs ce fut sous son règne que la légende du tombeau de Saint Jacques
naquit, le roi fut le premier pèlerin de l´apôtre, marquant ainsi la première
voie entre Oviedo et le tombeau du frère de saint Jean. Si Rome avait
Pierre…son règne possédait Jacques !
Outre ceci Alphonse II possédait déjà
une montagne sacrée, MonSacro, près
de sa capitale puisque les reliques sauvées des mains maures y furent toutes
enterrées.
Le lemme des Asturies fut repris par
les rois portugais, concrètement par Manuel I ( 1495 –1521 ) sous la forme de
IN HOC SIGNO VINCES, qui l´employèrent profusément jusqu´à la chute de la
monarchie en 1908, se transformant presque exclusivement en marque de la
monnaie portugaise, l´ESCUDO ( bouclier ) durant 400 ans. ( première image au
bas )
Cet usage semble paradoxale de la part d´une monarchie qui depuis sa
fondation au XI.s. toujours déclara sa vassalité et soumission à la papauté.
Détruisit-elle ainsi le contenu symbolique original de la légende
constantinienne ? Je ne pense pas , il suffit de se pencher légèrement
sur l´histoire du pays de Luz pour comprendre ce qui se cache derrière la
très fine cape de la version officielle, celle des livres d´école.
Pélage reste l'un des héros de
l'Espagne et le titre de « Prince des Asturies » est donné à
l'héritier de la couronne.
Par ce signe tu vaincras ! Ce cri de guerre est très employé sur les
« in-signes » des sociétés dites secrètes. Il est souvent
accompagné d´une couronne royale ou impériale. ( voir à ce sujet la page de Christian
Attard )
Thomas Hovenden (1880), In Hoc Signo Vinces
Pour finir avec ce SIGNE je vous propose ce tableau de Thomas
Hovenden ou on voit des paysans
bretons s´appétant au combat. Une jeune femme épingle sur l´habit de son mari
l´emblème de la FRATERNITE DU
SACRE CŒUR, ce qui symbolise la loyauté à la
couronne durant la révolution française !
De ce In Hoc Signo Vinces
aurait dérivé en IHS….
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